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452 ÉLOGE DE VICTOR VIBERT. « vaient animer; ils rappellent l'impuissance de l'art au lieu « d'en faire admirer les ressources. « C'est en évitant ces défauts que Vibert a rendu a la « gravure sa noblesse primitive, et qu'il a renouvelé l'art « des Albert Durer et des Marc-Antoine ; il a résumé et « couronné par un chef-d'œuvre vingt-sept années d'un « glorieux enseignement (1). Il s'est associé a l'apostolat « d'Orsel en propageant ses principes spiritualistes et chré- « tiens, en multipliant, en rendant accessible a tous un « tableau qui offre a ta fois un modèle d'art et une leçon de « vertu. » Cette juste appréciation de l'œuvre de Vibert vaut mieux certainement que tout ce que nous aurions pu dire. Semblable au sculpteur grec Stipax, de Chypre, célèbre par une seule statue, Vibert n'aura produit qu'une seule gravure impor- tante, mais avec ce seul cuivre il a laissé a l'école qu'il avait fondée la règle vivante de son enseignement. 11 a résolu les difficultés les plus compliquées par les moyens les plus simples ; il a atteint ce que l'art renferme de plus savant et de plus expressif, et, avec un courage a la hauteur de la tâche, il a protesté contre la débauche de l'art actuel. Tout jeune artiste 'a l'âme élevée trouvera dans son œuvre une leçon et un refuge (2). Vibert pouvait regarder sa tâche comme accomplie dans le sens où il la concevait ; mais nous tous nous regrettons amèrement que la mort soit arrivée avant le temps. Nous (1) Voir la note de la page 446. (2) Si l'on a reproché à Vibert un pou de sécheresse dans sa gravure du portrait de Jacquard, c'est qu'en ne s'est point rendu compte dé l'obliga- tion où se trouve le graveur de donner l'idée la plus juste possible du tableau qu'il reproduit. Mais lorsqu'on est en présence de la peinture ori- ginale, on est forcé de convenir que Vibert a fait au contraire les plus grands efforts pour atténuer les duretés de son modèle.