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442 ÉLOGE DE VICTOR VIBERT. gissait pas seulement de reproduire la peinture de son ami, mais de traduire la pensée de l'artiste. Orsel lui disait souvent: « Ce n'est pas devant le tableau que la gravure « représente que nous devons la juger, mais c'est dans « ma chapelle dont elle doit être l'expression la plus com- « plète. Mon tableau c'est ma chapelle. » Le BIEN ET LE MAL n'avait été qu'une préparation a ce grand et beau travail. Quelquefois le résultat de ces conférences artistiques était pour Vibert l'anéantissement d'une partie du travail de l'année. On détruisait ce qui était bien lorsqu'on était assuré de faire mieux encore. A mesure qu'Orsel et Vibert qui progressaient toujours, devenaient plus difficiles et mar- chaient plus certains dans la voie qu'ils s'étaient tracés, les sacrifices devenaient plus fréquents. Ceci explique non seulement les notables différences qu'on remarque entre l'exécution du tableau et celle de de la gravure, quoiqu'il n'y ait rien de changé a la composition, mais surtout les nombreuses années qu'a duré ce travail. Une persévérance si infatigable devait produire ses fruits. Vibert était devenu un des artistes les plus instruits dans son art et un professeur hors ligne ; nourri par les doctrines d'Orsel, un des peintres les plus érudits de notre époque, grand admirateur de Raphaël, il s'était sans cesse avancé dans la voie de la perfection. En 1850, Vibert eut le malheur de perdre son ami. Nous n'essayerons pas de dire quelle fut sa douleur. On en peut juger par les soins religieux qu'il mit à honorer sa mémoire. Le sentiment qu'il ressentait pour Orsel était aussi vif, dix ans après, qu'au moment de ce triste événement. M. Alph. Périn (l), en qui revivent la science et le mérite d'Orsel et (1) Nous regardons comme un devoir d'exprimer ici à M. Alph. Périn notre reconnaissance pour des no.es qu'il a bien voulu nous donner au sujet des travaux de Vibert et qui nous ont beaucoup aidé dans ce travail. %