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438 ÉLOGE DE VICTOR VIBERT. donner ainsi k une estampe un degré de ressemblance de plus avec le tableau. A la vue des dessins de Vibert, Orsel comprit de suite dans quel sens les études du lauréat avaient été dirigées. 11 hasarda quelques raisonnements en sens in- verse et analysa avec l'autorité que donne le savoir et l'expérience , cette œuvre si belle dont il avait lui-même étudié les qualités et qu'il préférait à toutes. Vibert nous a souvent raconté qu'il fut alors très-étonné de ce qu'il en- tendit, et qu'après ces observations, il se disait avec la fierté propre à tout pensionnaire de l'Académie : « Quel est donc « ce Monsieur qui donne ses avis avec tant d'assurance? » Puis, ayant apprécié successivement devant la fresque la vérité des remarques d'Orsel, il y eut égard et désira con- naître les œuvres de cet artiste. Sitôt çu'ileut vu le tableau de Moïse alors très-avancé et toutes les études préparatoires d'Orsel, il lui demanda son amitié et s'en fit un appui. La grande considération qu'Orsel s'était acquise à Rome par l'honorabilité de son caractère, la force de ses inventions et son profond savoir, attirait chez lui les artistes français les plus distingués. Vibert y rencontra, entre autres , MM. Alphonse Périn et Bonnefond, et conçut pour eux cette vive affection qu'il leur conserva toute sa vie. Ainsi que l'a dit avec vérité, M. Trianon, Orsel avait une puissance communicative dont M. Ingres s'est plu lui- même a reconnaître l'action. Vibert.en fut pénétré. Recon- naissant de plus en plus la justesse des doctrines de son nouvel ami, il commença à abandonner peu îi peu toute prétention a la couleur et considéra cet obscurcissement des lumières comme un ennemi de l'harmonie générale , et même comme la ruine du principe de la construction. Orsel lui disait souvent : « Si j'étais graveur, j'éprouverais une « grande jouissance d'artiste à remettre en honneur les « doctrines de Marc Antoine, sans négliger toutefois les qua-