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                      ÉLOGE DE VICTOR YIBKttï.                   439

 « lités d'harmonie et d'agrément. » Ces mots résument toute
 la doctrine que professa Vibert.
    Confirmé par sa propre conviction dans celte nouvelle
 voie, et, par les conseils de son ami, notre confrère fut con-
 templer a Assise les œuvres de Cimabué et' de Giotto, ces
vieux maîtres aujourd'hui si négligés, si peu compris et
dont les inventions fortes et naïves , les pensées profondes
et pleines de poésie serviront toujours de modèles aux
peintres qui voudront faire revivre l'art religieux. De là
Vibert se rendit a Florence et s'affermit de plus en plus dans
les grands principes de l'art en étudiant les œuvres
d'Orcagna, de Masaccio et de Fiésole. La contemplation de
ces créations magistrales ne manqua pas de porter ses fruits,
et la transformation du talent et du style de notre confrère
fut complète. On en peut juger par le remarquable dessin
qu'il exécuta d'après la fresque A'Andréa ciel Sarto, admirée
au cloître de l'Annonciade et représentant la résurrection
des enfants sur le corps de saint Pkilippe (1).
   Cette étude , d'une expression touchante , est un modèle
d'harmonie et de simplicité d'exécution. Ainsi que le portrait
de Masaccio gravé par Vibert, a la môme époque, a son
retour à Rome, elle atteste l'heureuse révolution qui s'était
opérée dans ses idées artistiques. Mettant alors de côté toutes
ces mesquines combinaisons de burin, tous ces petits moyens
d'exécution, il simplifia considérablement sa manière et, re-
nonçant tout à fait à l'obscurcissement des clairs, il eut
pour but de joindre l'agrément d'Albert-Durer à la simplicité
de travail de Marc Antoine. Cependant, ce ne fut qu'après
de mûres réflexions qu'il adopta ces principes qui furent
ceux de toute sa vie, et dans lesquels il se sentit affermi
dès le commencement par l'accueil sympathique fait a ses

  (1) San Filippo Benazi, ce beau dessin est au Musée de Lyon.