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                   CHRONIQUE LOCALE.
    Ce mois a eu ses deuils. L'église de Lyon a vu disparaître un de ses
plus brillants orateurs, Monseigneur l'évêque de Troyes, cet abbé Cœur
que tous les journaux ont déjà loue et sur lequel nous donnerons celte
simple particularité :
   Retiré dans un modeste collège qu'il avait fondé dans le département de
l'Ain, M. Bochard, l'ancien grand vicaire du diocèse de Lyon, se plaisait
à donner à ses élèves les devoirs traités dans les séminaires de l'Argentière,
de Saint-Jodard et de Verrières, et quand les compositions étaient faites, il
les comparait avec les cahiers du jeune abbé Cœur, un de ses élèves de
prédilection et auquel il se plaisait à prédire de hautes destinées. Lutter
contre les devoirs de l'abbé Cœur, avoir approché de l'abbé Cœur était
la grande ambition, l'ardent désir des étourdis dont nous étions un des
plus indignes.
   —La société autant que la médecine regrette un vieillard de grand carac-
tère dont les vertus brillaient d'autant plus qu'elles étaient rehaussées par
la gloire de son fils. L'heureux foyer de M. Richard de Laprade attirait
les regards et les sympathies de tout ce qui, dans notre ville, vénérait
l'honneur antique, les mœurs pures et la probité des anciens jours. Privé
de la défense que la nullité et l'obscurité mettent aulour des familles, livré
à la publicité comme tout ce qui appartient à la célébrité, l'intérieur de
M. de Laprade offrait de grands exemples, de hautes leçons, et la mort
de son chef est un deuil pour la cité.
   — On lit dans un des journaux de notre ville les lignes suivantes sur
l'événement qui a frappé la Gazette de Lyon :
    « La Gazette de Lyon a été supprimée par décret impérial daté du
20 octobre et inséré au Moniteur Universel du 21.
    « Fondée en 1845 par plusieurs notables lyonnais, cette feuille, qui avait
les sympathies des familles représentant l'ancienne société française, ne fut
jamais et n'eut pas la prétention d'être une affaire industrielle.
    « Avec le généreux concours de ses souscripteurs désintéressés, elle lutta
avec courage contre une position précaire et les événements. Pendant la
période républicaine. (1848-50), elle rendit de très-grands services à la
cause de l'ordre. Si nous n'avons pas à apprécier les doctrines politiques
et religieuses soutenues vivement par la Gazette de Lyon, nous pouvons
dire que sa polémique était loyale, que ses doctrines littéraires étaient
saines, qu'elle a fait une guerre impitoyable à la littérature nauséabonde
des théâtres et du roman. La partie historique de ce journal, basée sur
les belles traditions des Bénédictins et de l'ancienne magistrature, jouissait
d'une réputation méritée.
    « Nous devons à la Gazette l'expression publique de notre estime. Nous lui
donnons acte de son bon esprit de confraternité, qu'elle veuille bien accepter
nos remercîments et nos condoléances.                           V. V. »
   Nous avions nous-même trop d'amis dans la rédaction de cette feuille
pour ne pas lui donner ce dernier et bon souvenir.
   On lit dans un autre journal :
    « Nous apprenons que son excellence le ministre des cultes vient d'allouer
une somme de deux mille francs pour l'achèvement de l'église de Couzon.
Déjà une somme de cinq mille francs avait été donnée par Son Excellence
pour la construction de celte église. »
    On connaît les travaux historiques de M. le curé de Couzon, son zèle pour
l'archéologie et son goût pour la belle architecture. Son église presque achevée
est une des meilleures œuvres de M. Bossan, les sculptures sont dues à
l'habile ciseau'de M. Fabisch.                                    A. V.

                         Aimé    VINGTRINIER,       directeur-gérant.