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430                      BIBLIOGRAPHIE.
ramènent involontairement sur les lèvres ce cri profond du poète
latin :
        Sunt lacrymse rerum et mentom mortalia tangunt.
   Ce poème est encore une réhabilitation. Il est vrai que ce mot
semble un non sens quand on l'applique à la fille de Marie-
Thérèse; comment sa radieuse mémoire a-t-elle besoin d'être réha-
bilitée ? Ne resplendit-elle pas sans tache au milieu d'une au-
réole de malheurs et de vertus ? Cependant, hélas ! il n'est que
trop vrai, et une bouche française ose à peine le confesser, il
n'est que trop vrai que l'histoire, travestie par la passion, s'est
quelquefois permis d'outrager cette royale victime ; la calomnie
a voulu imprimer sa morsure sur cette figure douloureuse et
sereine ; mais elle n'y a pas laissé de trace, et cette femme,
idéal du malheur , plus grande et plus touchante que la Niobé
antique, garde désormais, dans le cortège des siècles, le sceau
majestueux et presque divin qu'a gravé sur son image l'immortel
pinceau de Paul Delaroche. Ce retour au juste et au vrai est
dû au bon sens national qui a toujours protesté contre les éga-
rements d'un certain parti historique ; il est dû aussi aux plumes
vaillantes et courageuses qui, comme celle de M. Monier de la
Sizeranne, ont rétabli dans son véritable jour le portrait de
cette grande et noble victime des jours néfastes.
   Le poème de Marie-Antoinette est bien conçu, bien exécuté.
Le plan en est fort simple ; l'auteur se borne à suivre la chaîne
des événements. Il prend la jeune princesse autrichienne au
moment où la politique en fait une reine de France ; il la suit
pas à pas dans les phases de sa vie heureuse et dans les cruelles
stations de ce calvaire qui commence le 6 octobre 1789, pour
finir quatre ans après sur l'échafaud de la place Louis XV. Cette
marche chronologique qui semble au premier abord hostile à
l'élan poétique n'est pas une entrave pour le narrateur qui sait
bannir la monotonie par l'art avec lequel il varie et découpe ses
chapitres. Le style est clair, précis, rapide : le vers facile et
coulant comme il convient à un récit poétique. Point de grands
effets ; point de recherche ; l'émotion naît des faits eux-mêmes ;
l'auteur sait qu'il suffit de les narrer. Aussi le lecteur attentif