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400 RESTAURATIONS MONUMENTALES monumentales, de respecter scrupuleusement, dans un édifice quelconque, son caractère historique. Or, l'église des Cordeliers devait être pour nous sous ce rap- port du plus vif intérêt, car le type sévère de ces églises claus- trales devient de plus en plus rare aujourd'hui. Beaucoup de gens qui ne voient dans les embellissements quels qu'ils soient qu'un progrès réel, une amélioration sensible dans les arts, peu- vent se réjouir de la réédification de cette façade où l'on ne re- trouve plus le galbe de l'ancienne ; mais nous croyons aussi que bon nombre d'amateurs sérieux et de savants antiquaires ne pourront que s'en affliger. Nous ne voulons pas faire ici le procès à l'habile architecte qui vient d'assumer la responsabilité d'une telle entreprise et qui, pour le moment, n'en recueille que gloire ; nous devons nous en prendre plutôt à certaines doctrines erronées, propagées par quelques publicistes superficiels et peu versés en cette matière. On a prétendu, en effet, et prôné bien haut « que nous avions « le droit et que c'était pour nous un devoir de transformer, « d'embellir,et de perfectionner à notre gré et suivant nos goûts, « ceux de nos édifices du moyen âge dont le style nous semble « défectueux et d'en corriger les banales imperfections. » On peut prévoir facilement les conséquences de tels princi- pes laissés au libre arbitre et à la volonté du premier venu ; il ne peut en résulter que confusion pour la science archéologique et anarchie pour les arts ; et si aucune autorité artistique ou ad- ministrative ne s'y oppose, nous verrons disparaître peu à peu le caractère original d'une foule de nos vieux monuments. Nous donnons maintenant dans l'exagération de culte pour les édifices du moyen âge ; autrefois, on n'y faisait pas attention et on laissait s'exercer sur eux l'action destructive des siècles : c'était un tort véritable; puis on en est venu à les consolider et insensiblement aies restaurer : il fallait s'en tenir là . Aujourd'hui on s'est épris pour eux d'un fol amour et au lieu de les restaurer on les embellit, mais on les défigure . Et tel est l'entraînement qui nous porte à cet excès de recher- che pour nos monuments religieux, que beaucoup d'architectes, •