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328 ÉLOGE HISTORIQUE rite's de Paul, ermite dans la Thébaïde, assisté dans sa retraite par Dieu même, qui lui envoie miraculeusement chaque jour un pain pour subsister. Dans ce poëme, l'auteur a développé l'esquisse tracée, par saint Jérôme, de la vie des solitaires au Ve siècle de l'Eglise : C'est là que le mortel, persécuté, trahi, Trouve , ainsi qu'autrefois Moïse au Sinaï, Un Dieu consolateur qui lui parle , l'écoute , Dissipe sa tristesse et lui montre sa route , Et du sublime espoir de l'immortalité Lui forge un bouclier contre l'adversité. Sur lui les passions n'ont déjà plus de prise ; Les grandeurs lui font peur ; les biens il les méprise ; Les plaisirs de l'esprit, les délices des sens Ont à ses yeux perdu leurs charmes si puissants ; La gloire même en vain veut le séduire encore , La gloire , ce perfide et brillant météore , Qui, par l'homme invoqué , pour prix de longs travaux , Passe loin des vivants et luit sur des tombeaux. (3" partie, p. 35-6.) Dans un genre moins élevé , M. Servan de Sugny a traduit sur la scène un préjugé que le progrès des sciences natu- relles a rendu moins dangereux, mais qui compte encore aujourd'hui quelques dupes. Slainville ou les deux alchi- mistes, comédie en un acte et en vers, dirigée contre les adorateurs de la pierre philosophale, avait été composée pour amuser les invités du duc de La Rochefoucauld , a son château de Liancourt, et aurait obtenu les honneurs delà représentation sur cette scène champêtre, si la mort du roi Louis XVI11 n'était venue comprimer l'essor des plaisirs trop bruyants , dans le monde officiel. Voici en quelques mots l'analyse de cette pièce : Le général Stainville , sauvé des rigueurs judiciaires de la réaction de 1815 , par le négociant Dupeyron , apprend , à son retour en France, a la faveur de l'amnistie, que son bienfaiteur, à la suite de revers commerciaux, dissipe les derniers débris d'une grande fortune, qu'il veut refaire d'après les perfides conseils d'un charlatan , affublé du titre d'alchi-