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           TRAITRE OU HÉROS?


                    L'ILE DE SARDAIGNE.

                               (SUITE).




     — « Antonio, dit enfin Ephisio en plongeant dans les
   yeux de Montalva un de ces regards perçants qui pénètrent
   comme la pointe affilée d'un poignard, j'entre ici messager
  de paix ; ce ne sera pas ma faute si j'en sors messager de
  guerre. J'ai à traiter avec toi, et voici mes pouvoirs. » En
  même temps il lui présenta la branche d'oranger qu'Antonio
  reconnut à l'instant bien que desséchée.
     — « Le jour, reprit Ephisio, où ce rameau fut détaché
 de l'arbre qui l'avait porté, deux cheveux manquèrent aux
 tresses de Thôrôsina Malipierri, ma sœur, tu le sais. Ces
 cheveux devaient coudre les yeux et enchaîner le cœur de
 l'esclave volontaire qui en sollicila le don à genoux. Couplet
 de chanson ! arpeggio de guitare, qui s'en alla où vont les
 sons de toute guitare ! Le lien n'a été assez fort ni pour les
 yeux ni pour le cœur de l'esclave, aussi empressé de se re-
 prendre qu'il l'avait été de se donner... Sa mémoire, dit-on,
 n'a pas été plus fidèle que ses yeux et n'aurait rien retenu
 de ce qu'il avait jfirè ; toi seul peux me le dire? »
    Antonio resta muet, les yeux fixés sur le plancher.
    Ephisio continua : « Tu te tais, Antonio!... C'est que tu juras
en poète et qu'aujourd'hui où tu as h me répondre en homme,
ta conscience ne il laisse trouver aucun terme dans la langue