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                      TRAITRE OU HÉROS?                      309

de l'honneur, pour confesser ta honte. Eh bien î celte con-
fession, tu peux te l'épargner. Continue à te taire, soit.
Mais comme il me faut à moi une réponse formelle, il en
est une que j'attends au moins de loi, et dont je suis prêt
à me contenter. Le proverbe dit : l'oreille n'a pas besoin
d'entendre quand le cœur a compris. Ose donc accepter
l'échange que je viens le proposer, et mon oreille n'aura pas
besoin de l'entendre pour que nous nous soyons suffisamment
compris l'un et l'autre : renvoie à ma sœur le gage que tu
tiens d'elle en me remellant ses cheveux ici môme, et de ta
propre main, el reçois d'elle en retour, par la mienne, ce
rameau qui ne devait se dessécher sur le sein de la jeune fille
que pour reverdir à ta voix sur le front de l'épouse ; ra-
meau de paix ou de guerre dont un mot de loi pourrait
encore ranimer les fleurs, si le ciel t'aimait assez pour faire
descendre ce mot sur tes lèvres. »
   Ephisio se (ut et attendit.
   Antonio n'était point un lâche. Indifférent à la pensée des
vengeances prêles à s'armer contre lui, il ne le fui point à
celle des tourments de Thérôsina el de l'amanle qu'il perdait
en elle.Tout amour est une'flèche dans le cœur; on ne la
retire point sans que la blessure saigne. Il sembla à Antonio
voir Thérésina et l'entendre ; il la contemplait des yeux de
l'âme el jamais elle ne lui élail apparue plus belle et plus
digne de sa tendresse. 11 fut sur le point de metlre sa main
dans celle d'Ephisio; de se jeter dans ses bras et de lui
répondre: Frère, partons! » Mais il était ambilieux, et le
brillant fantôme de l'avenir auquel il lui eûl fallu dire adieu,
en agissant ainsi, l'emporta sur la douce apparition. Il eût
sans hésiter donné sa vie pour Thérésina ; il fut sans courage
pour lui sacrifier la fortune.
   Après être resté un instant sombre et pensif, en proie à
une angoisse que trahissait la contraction de son visage, il