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300                     MATTHIEU BONAl'OUS.

savant ! — Sous l'enveloppe du littérateur , on découvre le
poète !
  C'est que Matthieu Bonafous l'était effectivement.

                                    1.

   Il l'était par le cœur autant que par l'imagination et par le
rhythme. — La science , la philanthropie , la prose, n'ont-
elles pas aussi leur poésie ? N'est-ce pas la réunion de ces
qualités qui marque la limite où le poëte se trouve séparé
du versificateur? Chateaubriand fut-il moins poëte que
Casimir Delà vigne ?
   Matthieu Bonafous , chez lequel la richesse de la rime se
marie toujours a la sévérité de l'idée, possédait une sou-
plesse d'esprit qui semblait se plier à tous les genres :
poème, épîtres , fables ,, quatrains , tout lui était familier.
—Au reste , la poésie n'était pour lui qu'un délassement.
   Qu'on nous permette encore de citer quelques uns de ses
vers ; ils dévoileront son heureuse et riche nature.
   Dès l'âge de 18 ans il exerça sa verve poétique.
   Dans VAlmanach des Muses de Lyon, de 1811, on trouve
de lui ce charmant madrigal :
             Veux-tu chanter' la nature fertile,
             Et du Parnasse atteindre les hauteurs '!
             Sois animé de l'esprit deDelille.
             L'ode pompeuse en ses nobles fureurs ,
             Veut de Lebrun la sublime démence ;
             Mais pour chanter l'amour et ses douceurs,
             Il faut aimer, — c'est toute la science.

   Plus loin, dans le même almanach, on trouve encore de
lui une imitation de Martial :
        Ami, si tu n'as rien, n'attends rien de personne,
        Les riches sont les gueux, les seuls à qui l'on donne.