Revue du Lyonnais » série 2 - n°21 ( 1860 ) » pp.280

280                 DE LA LITURGIE CATHOLIQUE.

de goût et de savoir, encore une fois il ne faut pas y songer
dans la patrie de Philibert Delorme, de Désargues el de
Maupin, dans la ville qui devint en quelque sorte la patrie
odoplive de Soufflot.
    Au point de vue purement monumental, et surtout à
l'extérieur, il est possible que le plan basilical laisse quelque
chose à désirer. La question n'est pas là ; une église ne doit
pas être un prétexte pour faire de l'art. A l'intérieur aucun
doute n'est permis. La prolongation des nefs a diminué la
majesté du sanctuaire en divisant la place qu'il doit occuper,
en créaut de continuelles distractions autour de lui, en ne le
maintenant pas à l'extrémité de l'édifice comme le point
 unique vers lequel doivent se porter toutes les pensées et
 tous les regards, et dont les limites ne doivent être franchies
 que par les personnes revêtues du caractère sacerdotal (1).
    Il en est de même pour les toitures aiguës que l'on a
quelquefois demandées comme un prétendu correctif aux
 toits surbaissés et aux terrasses de Saint-Jean. Toute personne
 habituée à juger un monument non seulement d'après les

   (1) Le deuxième concile de Tours, en 567, défendit aux laïques de se
tenir près de l'autel, de même que le deuxième concile de Mâcon, en 585.
Les femmes surtout ne devaient pas en approcher, même pour l'offrande
du pain bénit. Un concile d'Àix fulminait une excommunication contre
elles dans cette circonstance. Le nom de deambulatorium est la condam-
nation de ce qu'il représente. Deambulatorium est un endroit où l'on se
promène , or une église n'est pas un promenoir , une salle de récréation ,
 c'est un lieu de recueillement et de silence. La prolongation des nefs au-
 tour du chœur est commode pour les flâneurs et les curieux, et favorise la
propension à changer de place et à ne savoir se caser mille part. C'est ce
qui arrive dans les églises de Paris. Les jours de fête, le chœur et la nef
 sout entourés du courant circulaire et perpétuel d'une foule peu recueillie.
Dans plusieurs pays que nous connaissons , les jeunes gens montent d'un
côté de l'église pour avoir le plaisir , en redescendant de l'autre côté , de
lorgner à leur aise les dames agenouillées.