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                   CHRONIQUE LOCALE.
    Notre ville commence à se colmer de la fièvre ardente ijui, pendant huit
 jours , l'a dévorée. On ne peut appeler d'un autre nom cette curiosité , cet
 empressement, cet enthousiasme qui précipitaient nos populations sous les
 pas du cortège impérial, soit que la foule massée entre la gare et les Ter-
 reaux acclamât l'Empereur cl l'Impératrice à leur arrivée, soit que le peuple
 s'amoncelât autour de l'Hôtel-de-Ville pour contempler nos souverains et en
 recevoir un salut, soit que les Lyonnais et les cent, mille étrangers qui ont
 peuplé notre ville pendant qualre jours se portassent à pleins quais et à
 pleines rues partout où se rendaient les augustes visiteurs.
    Si nous ne pouvons , après les grands, journaux de notre ville , refaire
 l'histoire d'une semaine qui laissera des traces dans nos annales, qu.il
 nous soit permis de nous enorgueillir du triomphe que Ayon a remporté
 même aux yeux les plus prévenus. Impossible de voir un plus beau spec-
 tacle que celui de cette population immense circulant sans désordre dans de
 vastes rues pavoisées, sous des berceaux de lumières dont la clarté était
coupée par des gerbes d'eau s'élevant dans les airs ; de cette société bril-
 lante recevant l'Empereur et l'Impératrice dans ce magnifique palais,
termine à peine et cependant déjà l'orgueil de notre cite, leur montrant
 avec fierté les chefs-d'œuvre que notre industrie enfante, et saluant de ses
 applaudissements les récompenses accordées aux habiles négociants qui
maintiennent notre cité au premier rang et aux artistes qui illustrent notre
époque ; de ce bal féerique enfin, où dix mille spectateurs habitués aux
 fêtes, admiraient les prodiges opérés dans notre vieux palais municipal
 devenu, avec ses jets d'eau, ses torrents, ses corbeilles de fleurs et ses
escaliers aériens, digne des Mille etVnenuits; partout, pendant cette semaine,
se sont montrées la puissance et la richesse de notre ville, la seconde par
la grandeur, la première par ses sites admirables, sa position exception-
nelle , ses vastes horizons et la magique beauté dont la Providence l'a
 douée.
    Le séjour de l'Empereur ne pouvait manquer d'être l'occasion de récom-
penses nombreuses, justes rémunérations pour services rendus au pays ,
encouragements à des artistes célèbres, ou gracieux et sympathiques sou-
venirs. Parmi les décorations qui intéressent le plus noire ville, nous
citerons M. Àrlès-Dufour, nommé commandeur de l'ordre de la Légion-
d'Honncur ; MM. Dcsprcz , président du Conseil général, et Daniel, l'habile
et savant architecte, nommés officiers; MM. Arlru, le vénérable curé de
la Croix-Rousse; Bellon, fabricant; Benoît, conseiller municipal , un des
architectes dont le brillant talent ont le plus contribue à orner notre cité ;
Guillaume Bonnet , le statuaire au puissant ciseau; Bouchacourt, ancien
chirurgien en chef de l'hospice de la Charité ; Brunct-Lccomle , fabricant ;
Desmazièrcs, conseiller do préfecture ; Ducruet, notaire , conseiller muni-
cipal ; Gay , conseiller municipal, chef d'atelier ; Joly , membre du conseil
des hospices; Lacliaize , premier adjoint au maire du 1 e r arrondissement;
Onofiio, avocat général; Perret, maire de Chessy ; Pichat, maire de
Condrieu , conseiller général ; Piégay , conseiller à la Cour ; Ponson , fabri-
 cant, conseiller municipal ; Reraillieux , chef d'atelier; Richard-Vitton ,
maire du 3e arrondissement ; René de Vauxonne , maire de Gleizé ; Vidal-
Gallinej banquier, conseiller municipal, nommés chevaliers. M. Duclaux ,
peintre , un des artistes dont notre ville s'honore le plus , avait été décoré
quelques jours auparavant à l'occasion de la fête de l'Empereur ; M. Des-
jardins , dont l'habile direction avait transformé l'Hôtel-de-Ville , étant
déjà décoré , a reçu un bijou précieux.
  Le peuple lyonnais, pour sa part des faveurs impériales, a obtenu, par
décret daté du 25 août, affiché le 26, l'affranchissement de péage sur les