page suivante »
230 TRAITRE 00 HÉROS. d'ébène et la douce et Gère expression du regard. Leur sphère d'activité est circonscrite, le plus communément, dans l'en- ceinte de leur habitation, où leur ministère comprend en première ligne la confection de la farine et du pain, fonction presque religieuse chez les Sardes (1). Elles filent et tissent, en outre, elles-mêmes, le lin et la laine qui doivent servir aux vêtements de la famille. Douées d'une extrême vivacité d'esprit, les femmes de la campagne partagent avec celles des classes plus élevées un goût excessif pour la parure, la danse et l'a poésie. La danse nationale est pour elles le plus agréable des passe-temps. Hâtons-nous de dire que celle danse, dont les ecclésiastiques eux-mêmes ne répugnent point à contempler le gracieux spectacle, ne saurait éveiller la susceptibilité du moraliste le plus sévère (2). L'élranger habitué à la liberté bruyante, à la gaîlé gros- sière de la plupart de nos réunions villageoises, ne peut se lasser d'admirer la grâce décente, l'aisance pleine de dignité et de réserve, que les femmes sardes apportent, en général et savent conserver dans les assemblées les plus nombreuses. Mon histoire ainsi préparée, je la commence. (1) Chaque ménage a son petit moulin qui ne procure qu'une assez faible quantité de farine, mais on la regarde comme d'une qualité supérieure à celle des grands moulins hydrauliques. Rien n'égale en effet, la blancheur du pain de Cagliari, même de celui dont se nourrit la dernière classe du peuple. (2) « La manière dont les danseurs et danseuses se tiennent par la main est d'une telle importance, qu'une simple transgression des règles établies à cet égard a bien souvent occasionné les querelles les plus san- glantes. Les personnes mariées ou engagées par promesse de mari'ge, peuvent placer leurs mains paume contre paume et entrelacer leurs doigts ; mais malheur à l'homme qui en agirait ainsi avec une fille qu'il ne serait pas disposé à épouser ouavec la femme d'autrui! » (LA MARMORA, 1.1, p. 257).