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                      TRAITRE OU HÉROS.                    229

de cette corporation prêchât, en ce moment, la neuvaine d'une
fête patronale, dans le village ou nous nous trouvions.
   Le désir du bandit put donc être salisfait, comme nous
l'avons vu. Il mourut consolé et plein de foi dans les bras
de son confesseur. Celait un homme de vingt-cinq à Irenle
ans. Je ne pus savoir quelle cause l'avait fait bandit. Autour
de son bras gauche élait enroulée, en forme de bracelet, une
longue tresse de cheveux de femme. Ces cheveux étaient
d'une mère. Il portait, en outre, au cou, une petite mé-
daille de la Vierge, en cuivre. Il avait ardemment demandé
à son confesseur d'être inhumé en terre sainte. C'est pour
satisfaire à ce dernier vœu que le charitable prêlre revenait
accompagné des restes mortels de son pauvre pénitent.
L'inhumation eul lieu, comme l'avait sollicité ce dernier, mais
après des formalités judiciaires qui la relardèrent trop pour
que je pusse y assister.
   Nous savons maintenant ce qu'est le bandit sarde ; les
femmes vont me fournir un sujet beaucoup plus gracieux elil
nous conduira naturellement au drame, avec les acteurs du-
quel j'ai cru devoir vous familiariser d'avance.

                    LES FEMMES SARDES.


   M. Valéry, dans ses Foyages en Italie, prétend que « les
conladines romaines et napolitaines, si rebattues, ne seraient
pas dignes d'être les femmes de chambre des filles de Sar-
daigne pour la variété des atours. » Chaque village, en effet,
a son costume différent qui rappelle les peuples nombreux
qui ont passé par file, depuis l'élégance grecque jusqu'à la
gravité espagnole. Les femmes sardes, peu ou point adonnées
aux travaux des champs, ne sont pas aussi rapidement flé-
tries que nos paysannes, et sont remarquables, en général,
par l'élégance de leur taille, l'abondance de leur chevelure