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228 TRAITRE OU HÉROS. fait dans les montagnes une battue ayant pour objet la recher- che d'un bandit dont l'autorité pressait vivement la capture -, ce bandit, le capucin l'avait sous ses yeux. Pendant trois jours, et sans avoir reçu la moindre blessure, il avait fait le coup de feu de rocher en rocher, avec les soldats de la justice, quant tout à coup, apparaissant à dé- couvert mr un point dénudé qu'il était obligé de franchir, il reçut à la fois trois balles dont l'une lui brisa le poignet gauche, et dont les deux autres se logèrent dans la cuisse droite dont l'os fut gravement atteint. 11 tomba, mais con- serva assez de présence d'esprit et de force pour gagner, en rampant, le bord d'un rocher d'où il se laissa couler par une pente rapide sur une corniche étroite formant comme un point d'arrêt au-dessus du précipice qu'elle surplombait. De cette corniche, il put se traîner à une caverne à lui connue, mais complètement dérobée aux regards par d'énormes débris de rochers et l'épais rideau des lianes suspendues à quelques chênes séculaires, perdus dans ces hauteurs désertes. Il paraît que les chevau-légers n'avaient pu atteindre assez rapide- ment le plateau sur lequel ils venaient de le voir tomber, pour le suivre de l'œil dans son effrayante route. Ils ne la devinèrent point. A l'abri de toutes poursuites au fond de la retraite qu'il venait d'atteindre, il y vécut seul pendant cinq jours, en proie aux plus atroces souffrances, jusqu'à ce que le hasard y conduisît un pâtre qui venait parfois y déposer ses provisions de la semaine. Ce pâtre put enfin laver les plaies du blessé elélancher lasoifardentequi leconsumait ; mais en vain d'autres pâtres, avertis par leur compagnon, lui apportèrent-ils également leurs secours ; ces secours devinrent de plus en plus impuissants. Un seul besoin domina bientôt tous les autres chez le pauvre patient. 11 demandait un prêtre et désirait surtout un capucin, Ordre singulièrement populaire en Sanlaiguc. Un hasard providentiel voulut qu'un membre