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214                       DE BONNEFOND.

y occuper la direction de l'école des Beaux-Arts en 1831 ; poste
auquel toutes les voix du pays, et, en particulier, celle de la
presse, l'avaient appelé sous les auspices de l'administration
forte et intelligente de M. le docteur Prunelle.
    Le tableau des Pères de la Rédemption, autrement dit des
Pèlerins, apéri, jecrois en février 1848,avec les richesses qje ren-
fermait le Palais-Royal, mais il en reste encore des traces suffi-
santes dans les gravures de l'époque pour laisser pressentir
quelle en était la portée. On le retrouve aussi en partie dans les
aquarelles du maître. J'en connais une qui en résume les qua-
lités spéciales, comme je possède, de mon côté, dans l'étude
peinte du Maréchal Ferrant, un fac sirnile à peu de chose près
exact de ce premier ouvrage.
    En 1830, je vis également chez M. le docteur Gilibert, à Lyon,
un petit tableau où une femme assise sur la lisière d'un chemin
brûlé par le soleil, tient sur ses genoux un enfant à demi-nu
 dont la mort vient de voiler les traits. La malheureuse mère est
 là, seule, désespérée : nul être vivant ne se présente pour la se-
 courir ; on n'aperçoitque les coupoles romaines.dans le lointain.
L'expression de cette femme est l'une des meilleures inspirations
de Bonnefond, et on doit supposer qu'elle a été une réminiscence
de la pensée qui présida à la composition de ses Pèlerins.
    En comparant mentalement à ce dernier tableau celui de L'Onc-
tion ou de l'Eau sainte, exposé en 1831, j'ai toujours penché,
je l'avoue, en faveur du premier. Est-ce une erreur de ma part ?
Je dois le supposer, car trois grands peintres se partageaient
 alors les admirations de la France : c'étaient Ingres, Horace
 Vernet et Eugène Delacroix, types supérieurs autour desquels
 l'opinion et les écoles disputaient ; et à ces renommées exception-
nelles venaient se joindre, comme talents eux-mêmes hors de
 ligne, Ary Scheffer, Paul Delaroche, et Léopold Robert, dans le
 rayonnement duquel Bonnefond marchait d'assez près pour
 avoir fait dire à un écrivain fort accrédité près des grandes expo-
 sitions de peinture, M. Jal : « que si elle avait eu un degré d'élé-
 « vation de plus, sa composition de l'Eau sainte eût été un
  « excellent tableau d'histoire même à côté de l'influence exercée