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                          DE BONNEFOND.                         213

  dances du maître à l'enseignement duquel il devait succéder plus
 tard, fut mentionné exceptionnellement à l'exposition de 1823,
  et devint la propriété de M. Gabriel Delessert.
     Doué d'une intelligence subtile, Bonnefond comprit dès lors
  qu'entre le médiocre et le beau un abîme s'ouvrirait devant lui
 s'il ne rejetait courageusement les langes de l'école au sein
 de laquelle il avait été nourri sous les aspirations d'un homme
 sans doute remarquable par le côté historique et chevaleresque
 de ses créations, mais qui, au point de vue de la manière et de
 la couleur, ne pouvait plus se concilier avec l'esprit général du
 temps.
     Bonnefond partit donc pour Rome, malgré la méthode bril-
 lamment fausse qui avait motivé ses succès de salons, comme
 disait alors un critique spirituel, et, trois ans plus tard, il ap-
 portait à l'exposition de 1827, non plus des toiles imprégnées
 d'ombres lourdes et opaques, non plus des combinaisons et des
 modelés laborieusement obtenus à l'aide de tons faux ou d'un des-
 sin souvent peu correct, mais des compositions larges où
 le jour et l'ombre, où la pensée et l'action du pinceau se coor-
 donnaient sagement, et où, pour la première fois, le peintre
 conciliait le cœur avec l'esprit. De ce nombre furent le tableau
 des Pères de la Rédemption secourant, dans la campagne de
Rome, une pèlerine épuisée de fatigue, et qui l'éleva instantané-
 ment à l'un des rangs les plus distingués parmi les peintres
 contemporains.
    A cette même exposition de 1827 figurait l'étude d'un jeune
 Grec, composition grasse de touche, ferme, et d'un dessin régu-
lier, appartenant aujourd'hui au Musée de Lyon, ainsi que quel-
ques tableaux de chevalet. Un berger endormi que reveille une
jeune fille au moyen d'un brin de paille passé sur ses lèvres à la
dérobée, y fut également fort apprécié. Par le choix du sujet et
la naïveté de l'exécution, cette peinture avait toute la grâce
d'une Joyle deThéocrite, et je me souviens qu'alors cejugement
était aussi celui de la foule.
    Ce fut après l'exécution multiple dont je viens de parler, que
 Bonnefond retourna à Rome, d'où il ne revint à Lyon que pour