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                   DE BONNEFOND
       ET DE SES P R E M I È R E S Œ U V R E S .




    En rendant compte, il y a quelques semaines, dans cette Re-
 vue, des dernières excursions faites par l'un des artistes supé-
 rieurs de la ville de Lyon, le peintre Biard, j'étais loin de pres-
 sentir que l'un de ses condisciples, non moins distingué par le
 talent, allait s'éteindre prématurément, et que j'aurais à mêler
 mes regrets, comme compatriote et ami, aux témoignages pu-
 blics dont sa perte est aujourd'hui l'objet.
    Ce qu'a fait Bonnefond, en qualité de directeur de l'École des
 Beaux-Arts de Lyon, je ne saurais le dire, car j'ai vécu moi-
même depuis longtemps éloigné de cette cité mère. Mais ce qu'il
fut avant l'époque de son professorat appartenait aux apprécia-
tions de mon âge ainsi qu'à notre intime liaison, et j'ai à cœur
d'exprimer encore une fois ma pensée sur lui et sur ses ouvra-
ges, en attendant que des hommes compétents fassent connaître
les derniers actes de sa vie artistique.
   Bonnefond n'a dû qu'à lui-même et à son courage le mérite de
ses œuvres. Entré sans fortune dans les voies de l'étude, ainsi
qu'ont fait presque tous les grands peintres, il suppléait à ce que
l'instruction première avait laissé en lui d'incomplet, par l'au-
dace de la volonté qui, sans étouffer les battements du cœur, les
neutralise et les domine toujours.
   A l'âge où la sève de l'imagination et de la pensée se dévelop-
pent chez l'homme, nous le vîmes sortir de l'école de Saint-
Pierre avec un premier succès dont tout autre se fût contenté
peut-être, celui obtenu par son tableau du Maréchal Ferrant,
qui, quoique exécuté dans des conditions inhérentes aux ten-