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DE L'HISTOIRE ROMAINE. 209 donc dès lors porté à supposer que la masse de richesses métalliques concentrées alors dans Rome n'était guère infé- rieure à celle que possède aujourd'hui Londres ou Paris. D'un autre côté, on est forcé de reconnaître que, depuis plus de trois siècles et demi, les mines de l'Amérique ont versé en Europe une quantité d'or et d'argent bien supé- rieure à tout ce qu'avaient pu produire dans l'antiquité les mines d'Espagne, exploitées d'abord par les Phéniciens, les Carthaginois, puis les Romains avec leurs nombreux esclaves et les coupables condamnés à ces travaux forcés (damnait ad metalla) en y ajoutant l'or que l'Afrique et la Gaule pro- duisaient en abondance et l'argent provenant des mines que possédait Athènes. Mais il ne faut pas perdre de vue que différentes causes contribuèrent à modifier singulièrement la position en donnant aux métaux précieux une direction qui ne leur permettait plus de revenir. Ainsi, tant que Rome fut toute puissante, que les tributs du monde entier furent apportés à ses pieds et que les mines furent exploitées avec intelligence et activité, ces métaux furent abondants au centre comme dans tout le reste de l'empire. Mais lorsque, au lieu de recevoir des tributs, celle qui avait été la maîtresse des nations, se vit rançonnée à son tour par les barbares qui lui vendaient la paix au prix de ses trésors, son apau- vrissement marcha avec une effrayante rapidité. Une autre cause y contribua; cause fort ancienne, pres- que insensible d'abord, mais qui de nos jours s'est élevée à des proportions telles qu'elle mérite d'attirer toute l'atten- tion de nos hommesd'Etat, et cette cause, la voici : Pline (31), dans un passage remarquable où il semble avoir prévu l'avenir, (31) Pline, VI, 23. Digna res nullo anno minus HS quingenties imperii nostri exhauriente Indiâ et raerecs rémittente quae apud nos centuplicato veneant. » u