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208              ESSAI SUR QUELQUES CHIFFRES

nous manquent pour établir nos calculs d'une manière sa-
tisfaisante, surtout en ce qui touche les anciens, nous ne
poumons, même au prix des plus grands efforts, arriver
qu'a des évaluations a peine approximatives. Nous nous bor-
nerons donc a quelques considérations générales.
   Au siècle des Antoains, dans lequel on comprend assez
généralement les règnes de Nerva, Trajan et Adrien, et que
Ton regarde avec raison comme la plus belle époque de
l'empire, puisqu'elle lui assura une paix de quatre-vingt-quatre
ans, une immense masse de richesses se trouvait accumulée
a Rome, et l'on vit, par suite de la sécurilé dont on jouis-
sait alors, sauf de rares exceptions, sous Adrien, la fortune
publique s'accroître en même temps que les fortunes particu-
lières. Nous remarquerons en passant qu'a cette époque privi-
légiée où régnait la justice, on ne citait aucune de ces fortunes
monstrueuses, qui provenaient le plus souvent des sources
les plus impures, telles que le pillage des provinces ou les
confiscations sur les malheureux condamnés. La richesse
était donc moins inégalement répartie que sous les tyrans
qui, 'a divers intervalles, ont pesé sur le monde romain.
Elle était le produit naturel des relations commerciales éta-
blies entre les différentes parties du plus vaste empire qui
ait jamais existé, au milieu d'une tranquillité que la guerre
ne troublait jamais , si ce n'est en dehors de ses frontières.
Nous avons donc toutes les raisons de penser qu'a aucune épo-
que de son histoire, le monde alors connu ne fut plus riche, et
nous ajouterons même plus heureux que dans cette longue
période de près d'un siècle que le genre humain ne verra
pas deux fois. Il faut remarquer en outre que les Romains
n'ayant pas connu les institutions de crédit, telles que les
banques qui suppléent a l'argent et le remplacent au besoin,
il leur fallait nécessairement une plus grande masse de
numéraire pour suffire aux exigences du commerce. On serait