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                       DE L'HISTOIRE ROMAINE.                    207

pour sauver l'État d'une banqueroute imminente. 11 ne se borna
point à combler cet énorme déficit. Dans l'espace d'un rè-
gne assez court, puisqu'il ne dura que neuf ans à peine, il fit
disparaître a Rome et dans les provinces les ruines dues a
l'incurie de ses prédécesseurs, releva le Capitole incendié
pendant la guerre civile, et attacha son nom à deux monu-
ments admirables, le Temple de la Paix et surtout le Colysée,
que Martial a eu raison de comparer aux Pyramides d'Egypte.
    Mais ce déficit devait se renouveler souvent par suite de
la malheureuse facilité de quelques empereurs à prodiguer
les trésors de l'Etat à l'avidité de la soldatesque dont ils
croyaient s'assurer ainsi la fidélité. Cet abus fut poussé au
point de mettre l'empire a l'enchère, et Didius Julien l'obtint
en promettant à chaque soldat prétorien 25 mille sesterces,
soit 5,000 francs. Il en donna même 30 mille, soit 6,000 fr.
Tel est du moins le récit de Spartien (29), son biographe.
Mais Hérodien (30), sans nous faire connaître le chiffre
promis, assure que Didius Julien ne put pas le payer. Ce
dernier historien, qui écrivait a une époque plus rapprochée
des événements, mérite, selon nous, plus de croyance que
Spartien.
    Après un examen attentif de tous les faits et de tous les
chiffres que nous venons de citer, on est naturellement
amené à établir un parallèle entre la richesse du peuple-roi
et celle des nations modernes. Si l'on veut juger de leur
richesse relative par la masse des métaux précieux aujour-
d'hui en circulation en Europe, comparée à ce qu'elle était
dans l'empire romain, qui comprenait, comme l'on sait, outre
l'Europe, une partie de l'Asie et de l'Afrique, cette question,
pour être discutée à fond, exigerait des développements au-
 dessus de nos forces. Mais comme des bases «certaines

  (29) Spaitien, in Didio. Jul. c. 3. — (30) Lib, II, cap. 25.