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202               ESSAI SDR QUELQUES CHIFFRES

il n'en exigea qu'une contribution annuelle de huit millions
de francs (quadringenties) (13), ce qui certes était bien peu
de chose pour un pays aussi étendu, aussi peuplé et aussi
riche en métaux précieux. C'est sans doute à cette sage
modération que Ton dut la facilité avec laquelle ce peuple
accepta le joug des Romains.
   Au commencement de la guerre civile, il acheta, suivant
Velleïus Paterculus (14), le concours du tribun C. Curion
au prix de 10 millions de sesterces (centies) soit deux millions
de francs. Le scholiaste Servius nous apprend que Virgile (15)
a entendu désigner Curion par ce passage si connu :
       Vendidit hic aura patriam, Dominumque potentem
         Imposuit.

   Vers la même époque, César donna à chacun de ses vété-
rans Bina sesterda, deux mille grands sesterces (400 fr.).
Après la guerre terminée, il y ajouta vicena milita numum,
20 mille sesterces, soit 4,090 fr. par tête (16).
   Ces différentes sommespeuvent nous faire connaître le tarif
des consciences qu'il dut acheter pour parvenir au pouvoir.
   Dans les cinq triomphes qui terminèrent sa carrière mili-
taire, il fit porter devant lui, au rapport de Velleïus (17), plus
de sexies milites, plus de 120 millions de francs.
   Il donna à Servilia, mère de Brutus, une perle qu'il avait
payée sexagics seslerlium (1,200,000 fr.) (18).
   A la mort de César, il y avait, d'après les registres du
trésor, seplies milites (140 millions de francs), déposés dans le
temple deCybèle. Cicéron, dans ses Plïdippiques (19), de-
mande ce qu'ils sont devenus. Marc Antoine aurait pu, mieux
que personne, en indiquer l'emploi. Aux Ides de Mars, jour

   (13) Suéton, cap. 25. — (14) 11, 48. — (15) Maèii. lib. VI.—(16) Sué-
ton, cap. 38, in Jul. Caes. — (17) 11, 56. —(18) Suéton, in Cacs. 50. —
(19) Phil. 1 1 , 37.