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ESSAà SUR QUELQUES CHIFFRES DE L'HISTOIRE ROMAINE. Lu à l'Académie impériale par M. d'Aigueperse. Si dans la lecture des historiens romains on Irouve un charme dont on ne se lasse jamais, ce plaisir n'est pas sans mélange. On est arrêté bien souvent par des difficultés pres- que insurmontables pour la plupart des lecteurs. Les sommes qui font partie essentielle de la narration, sont toujours exprimées par des chiffres ou par des nombres qui forment autant d'énigmes pour tous ceux qui n'en ont pas fait une étude particulière. La principale de ces difficultés n'est pas de connaître la valeur des monnaies romaines, chose que l'on peut apprendre en quelques instants; mais elle consiste surtout à se familiariser avec leur manière de compter qui diffère totalement de la nôtre. Pour n'en citer qu'un exem- ple, qui pourrait deviner que ces deux mots : Bis milites que tout écolier traduira à l'aide de son dictionnaire par deux fois mille fois signifient en réalité Deux cents millions de sesterces? Faut-il après cela s'étonner qu'une foule d'hommes éclairés, possédant a fond les classiques latins dont ils font leurs délices, conviennent qu'ils n'entendent rien a ces chif- fres et qu'ils n'ont même pas cherché a les deviner? Nous comprenons d'autant mieux leur répulsion a cet égard que nous l'avons partagée nous-même pendant la plus grande