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•178                    MORT DE JEANNE DÎARC.

         Vomissait par torrents une ardente fumée
         Dont les noirs tourbillons montant de toutes parts
         Dérobaient la victime aux avides regards ;
         Quand le vent tout à coup écartant le nuage,
         Au peuple consterné découvre son visage.
        Elle cria : Jésus ! et son front se baissa.
         Ce fut le dernier mot que sa voix prononça.
        Sa belle âme laissait sa dépouille mortelle
        Et les anges de Dieu volaient au devant d'elle.
        On dit que sur sa tête, en trait de flamme écrit,
        On vit en ce moment briller le nom du Christ.
        Un soldat entraîné par sa haine brutale,
        Lançait sur le bûcher, à cette heure fatale,
        Un fagot de bois sec dont il était chargé ;
        Par serment à le faire il s'était engagé.
        Soudain la peur le prend, il se jette en arrière.
        Avec le dernier cri de la jeune guerrière,
        Il a vu s'envoler vers la voûte des cieux
        Une blanche colombe à l'essor radieux !
        Tout était consommé... Le peuple se retire,
       En pleurant sur la mort de la vierge martyre.
       Ces farouches Anglais, à sa perte acharnés,
        Ressentent les remords dans leurs cœurs étonnés,
       Et leur férocité faisant place à la crainte:
       Nous avons, disaient-il, fait brûler une sainte !
       Et le bourreau lui-même, instrument du trépas,
       Demande à Dien pardon d'avoir prêté son bras.
       0 prodige ! il a vu près de la braise éteinte
       Le cœur de la victime, entier et hors d'atteinte.
       Winchester se saisit du reste détesté,
       Et craignant les effets de la crédulité,
       Fait balayer au vent les cendres dans la Seine...
       Il ne reste plus rien de l'objet de sa haine...
       Tranquille, il est heureux d'avoir détruit recueil
       Qui des Anglais vainqueurs vit échouer l'orgueil.