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                MORT DE JEANNE D'ARC.                   177
 Jeanne alors s'écria d'une voix éclatante:
 Archange des combats, glorieux saint Michel,
 0 toi, doux messager de la grâce du ciel,
 0 mes saintes, par vous je ne fut point déçue.
. Ma mission vivra : du ciel je l'ai reçue.
  Pardonnez, 0 mes voix, je n'avais pas compris :
 A. la gloire d'en bas j'attachais trop de prix.
 Je comprend maintenant, 0 célestes délices,
 Où Dieu conduit les siens à travers les supplices !
 0 mes saintes, c'est vous ! ineffable douceur,
 Vous me tendez les bras, vous m'appelez ma sœur !
  Ainsi sur le bûcher, prête à quitter la vie,
 Au céleste séjour, Jeanne en esprit ravie,
 Envisage la mort sans peur et sans regrets...
  Et les feux dévorants poursuivaient leur progrès.
 Les saintes fonctions de notre ministère
 Occupaient, absorbaient notre âme tout entière,
  Nous n'apercevions pas leur progrès menaçant
 Jeanne nous avertit de ce danger pressant.
 Mes pères, gardez-vous, le feu va vous surprendre ;
 Hàtez-vous, nous dit-elle, hâtez-vous de descendre..
  Nous descendons, touchés de cet empressement,
  Dernier trait de bonté même au dernier moment.
  Rien ne put altérer la douceur de cette âme.
 Au pied de l'échaffaud, sous la lugubre flamme,
  Nous tenions dans nos mains avec un soin pieux
  Le Christ de Saint-Sauveur dressé devant ses yeux ;
  Nous le tenions encore à son heure dernière.
  Elle continua sa fervente prière
  Qu'interrompaient les cris et les gémissements
  Arrachés à sa voix par d'horribles tourments.
  Le bûcher excédant l'ordinaire mesure
  Prolongeait l'agonie et sa longue torture.
  Pour plaire à Winchester, le bourreau, cette fois,
  En dressant le bûcher n'épargna pas le bois.
  De ce bois résineux, chaque couche enflammée
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