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176 MORT DE JEANNE D'ARC. Vous daignerez m'ouvrir votre sainte demeure. Comme vous au supplice, hélas ! je vais marcher ; Le Calvaire m'enseigne à souffrir le bûcher. Tout le peuple attendri de ces scènes navrantes, Répandait vainement des larmes abondantes. Et le bourreau troublé par des remords secrets Du supplice à dessein retardait les apprêts ; Tandis que des Anglais la rage impatiente Pressait cyniquement la justice trop lente. Hâtez-vous, criaient-ils, pourquoi tarder ainsi, Les juges veulent-ils que nous dînions ici ? Il est temps d'en finir, bourreau, fais ton office. Et les chefs las aussi d'attendre le supplice, Suivent de leurs soldats l'entraînement brutal ; Et prévenant l'arrêt du second tribunal, Ils envoient des sergents, subalternes ministres Chargés d'exécuter leurs volontés sinistres. On se saisit de Jeanne, elle cède et descend. Aux pieds de l'échaffaud une troupe l'attend. Ces soldats furieux, se jetant sur leur proie, L'entraînent en poussant d'horribles cris de joie : D'un incurable orgueil féroce acharnement ! La foule répondit par un gémissement Le bailli sans penser à faire résistance D'un geste de la main remplaçant la sentence, Criait : Menez ! menez ! il était obéi,.. Il se lava les mains sur son devoir trahi. Jeanne est sur l'échaffaud et le bourreau se hâte! Il fallait un Caïphe, un Judas, un Pilate, Comme le Christ, hélas ! elle eut sa passion. Ainsi s'accomplissait sa sainte mission. Debout sur le bûcher, la vierge infortunée Se plaignait que ses voix l'eussent abandonnée ; Et je la consolais. Cependant le bourreau La saisit et l'enchaîne à l'infâme poteau ; Puis au coin du bûcher porte une torche ardente.