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172                   MORT DE JEANINE D'ARC.

      Le peuple, qu'on trompait, entend Jeanne, il la voit :
      Pour elle dans son cœur son intérêt s'accroît.
      Il déplore son sort, il murmure, il s'étonne
      Qu'on envoie au bûcher une fille si bonne,
      Si pieuse... Et quels sont ses torts et ses forfaits?
      Elle s'est fait connaître et c'est par ses bienfaits.
      On impute au démon le succès de ses armes,
      La fuite des Anglais et leurs longues alarmes ;
      Ce succès au démon ne peut être imputé :
      Nul pacte entre l'enfer et la virginité!
      Dieu lui-même inspira la simple paysanne !
      Pour venger ses revers Winchester la condamne.
      Mais malgré les arrêts de l'inquisition
      Ses Å“uvres, ses vertus prouvent sa mission!
      Ces discours circulaient parmi la multitude.
      Winchester ne fut pas sans quelque inquiétude.
       Il craignit un instant que cette émotion
      N'excitât dans le peuple une sédition.
      Ah ! si dans ce moment ou Dunois, ou Xaintrailles,
      Fût venu de Rouen attaquer les murailles,
      Warvick et ses soldats concentrant leurs efforts
      Pour repousser l'attaque eussent gagné les forts ;
      Alors contre l'Anglais la foule mutinée
      Peut-être, eût délivré la vierge infortunée.
      Mais hélas ! les Français, qu'a délivrés son bras,
      Font d'inutiles vœux... les preux ne viennent pas?
      Ce roi qui lui devait la couronne de France,
      Plongé dans le plaisir et dans l'indifférence,
      Par un ingrat oubli, si commun dans les cours,
      Aux mains des ennemis la laissa sans secours.
      Les troupes de Warvick, maltresses de la ville,
      Contiennent par la peur cette foule mobile :
      Son zèle a tout prévu. Le char arrive enfin
      A l'antique marché, le terme du chemin.
      A l'aspect du bûcher dressé pour son supplice,
      Accusant de sa mort Rouen comme complice,