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MORT DE J13AHNE D'ARC. l71 Sa douleur fut égale à son étonnement. Mais, suivant de son cœur le pieux mouvement, Elle dit d'une voix qui fortement résonne : Allez, ô Loyseleur, allez, je vous pardonne! Tout le peuple indigné de cette trahison Admire en gémissant le sublime pardon. Enfin, pour terminer cette émouvante scène, On arrête cet homme et de force on l'emmène. Les soldats furieux voulaient le mettre à mort, Warvick vint arrêter leur féroce transport. Cependant, au travers de la foule pressée, Le convoi poursuivait sa marche embarrassée ; Et tour à tour, pendant que le char cheminait, Avec le peuple et nous Jeanne s'entretenait. Ses plaintes, ses discours, sa naïve éloquence Révélaient de son cœur la pieuse innocence Elle aperçoit un prêtre : il s'était approché, Paraissant de son sort profondément touché. Bon prêtre, offrez demain pour mon âme une messe, Lui dit-elle, daignez m'en faire la promesse. Elle me demandait : Où serai-je ce soir? N'avez-vous pas en Dieu, lui dis-je, un plein espoir? Elle me répondit d'une voix assurée : Ma confiance en Dieu ne s'est point altérée : Oh ! j'espère, je crois, comme je vous le dis, Que Dieu me recevra dans ses saints paradis. Elle songe parfois à ce supplice infâme Et voit déjà son corps dévoré par la flamme. Son cœur, qui n'est encor qu'à demi résigné, Contre un tel traitement se soulève indigné. Le doute pénétrant dans son âme étonnée, Elle disait : Mes voix m'ont donc abandonnée! Pourtant, dans ma prison, elles m'avaient promis Qu'elles m'arracheraient des mains des ennemis : Elles me répétaient : Sois bonne et patiente : Tu ne languiras pas dans une longue attente