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170 MOÎ1T DE JEANNE D'ARC. Et dont l'accusaient seuls des juges ennemis. Lorsque pour le bûcher la victime fut prête, Le bourreau la plaça sur l'infâme charrette. Le prêtre l'Advenu dans un saint dévoûment Voulut l'accompagner jusqu'au dernier moment ; Moi-même (1), obéissant à l'ardeur de son zèle, Je montai sur le char et m'assis auprès d'elle. Beauvais, les assesseurs du sacré tribunal, Suivaient avec respect le puissant cardinal. Neuf cents hommes armés composent leur escorte ; Le fidèle Warvick commande la cohorte. Ces farouches soldats, dans leur lâche fureur, Insultaient à l'envi la bergère au grand cœur. « Tu voulais nous chasser de la terre de France ; « Tu ne peux, aujourd'hui, rien pour ta délivrance ! « Conte-nous de tes voix les révélations, « Comme toi, nous croirons à tes prédictions! » Cependant l'heure sonne et la charrette roule ; Lorsqu'un prêtre s'ouvrant un chemin dans la foule, Écartant de ses bras les flots]tumultueux, Pâle, les yeux hagards, d'un pas impétueux S'avance, en traversant le funèbre cortège. Cet|homme est Loyseleur. Ce prêtre sacrilège, Ce traître confesseur, de remords dévoré, S'élance sur le char comme un homme égaré ; Et tombant à genoux aux pieds de sa victime, 11 demande à grands cris le pardon de son crime. Grâce! s'écriait-il, grâce! pardonne-moi,! 0 Jeanne, car je suis bien coupable envers toi!... J'implore le Seigneur dans sa miséricorde ; Et je serai content si sa bonté m'accorde De vivre assez afin d'expier mon forfait. Jeanne, pardonne-moi le mal que je t'ai fait ! Et Jeanne le croyait un saint et digne prêtre. Quand je lui racontai la conduite du traître (1) Isambart de la Pierre: