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                           CHRONIQUE LOCALE.                            167
               Et que sont devant lui les peuple? do la terre?
               Ce qu'est dans 'a balance une paille léçère ;
               Ce qu'est la goutte d eau que sème en son chemin
               Le vase revenant de la snurce, trop plein-,
               Que sont encor pou: lui ces continents immenses,
               Dont l'esprit peut à peine atteindre les distances?
               Quelques grains de poussière et de sable mouvant,
               Que soulève el disperse un caprice du vent ;
               Rien n'est digne ici bas de sa majesté sainte.

   Ou que cet autre :
               Ecoulez, de nouveau, le décret sol?nnel,
               Qu'a porté, contre vous, la céleste vengeance.
               Le ciel n'est que le trône cil s'assied ma puissance,
               Et de mes pieds la terre est comme l'escabeau.
               Quel palais donc, quel temple assez vaste, assez beau,
               Quel lieu cltoisirez-vous qui me plaise, que j'aime,
               Et qui soit digne, enfin, de ma grandeur suprême?
               C'est ma main qui créa ce sp endide univers ;
               C'est moi qui le peuplai de m'-lle êtres divers ;
               Maître unique, sur qui, dans mon immense empire,
               Tombera mon regard et mon plus doux sourire,
               Si non sur l'indigent qui, brisé de douleurs
               M'écoute et m'cbéit ; plein de saintes frayeurs ?

    Après avoir esquissé les travaux de nos compatriotes et loué
 cette force d'intelligence qui les porte à créer des œuvres gran-
 dioses, il nous coûte de descendre dans les bas-fonds de la lit-
 térature et de signaler à la réprobation publique un roman qui
 n'est pas d'un Lyonnais, mais dans lequel on a travesti l'histoire
 lyonnaise avec une audace qu'on ne doit pas laisser impunie.
 Rien ne serait plus facile que de laisser mourir cette élucubration
 de sa bonne mort, mais ce serait une faiblesse, et pour l'exem-
 ple à venir nous devons protester. De l'école de M. Alexandre
 Dumas, qui invente une histoire à son usage, M. Kauffmann a
publié, sous le titre de : Les Voraces de la Croix-Rousse, un
 récit dans lequel, au milieu de tableaux déhontés, il a tracé les
 caractères les plus faux, brodé les rêveries les plus incroyables,
 et manqué à la vérité comme si les événements de 1848, à Lyon,
ne comptaient plus un seul témoin aujourd'hui. Que le plus
fécond des romanciers écrive de la Sicile : « ...Le général, tout
en me gardant pour le lendemain, ne pouvait m.'ojf'rir un autre
lit que le sien, c'est-à-dire le pavé de la rue ou les dallas de l'é-
glise. Je préferai le sable de la mer.... » On rit de bourdes pa-
 reilles, on hausse les épaules et d'ailleurs c'est sans conséquence.
Mais que M. Kauffmann nous peigne les citoyens voraces, ceux
que nous avons vus de nos propres yeux huriant dans les clubs,
courant les rues les armes à la main, menaçant les citoyens,
violant les domiciles, influençant les élections, démolissant les
forts, pillant les armes du gouvernement, c'est-à-dire de la
France, et jetant partout la terreur; qu'il nous les pe;gne, dis-je,
comme des ouvriers honnêtes et tranquilles, de bons et ver-
tueux citoyens, des philosophes, des poètes doucereux et lan-
goureux , n'ayant pas d'autre occupation que d'aller rêver sur
les bords du Rhône, ou danser daqs les sautées et protégeant la
jeune république de leur courage et de leur dévouement, pen-
dant que l'austère Arago travaillait toute la nuit aux affaires de