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468 CHRONIQUE LOCALE. l'Etat, et que les infâmes bourgeois, la bête noire de M. Kauff- m a n n , troublaient la ville, conspiraient, s'armaient, se réunis- saient et marchaient par milliers pour surprendre à la Préfec- ture nos habiles administrateurs, c'est passer les bornes de la fiction, c'est dire ce qu'on sait n'être p a s , c'est outrager la vé- rité et la conscience. Si M. Kauffmann n'était pas à Lyon lors de ces malheureux événements, s'il n'a pas lu les affiches dans lesquelles Emmanuel Arago défendait aux négociants de sortir plus de cinq cents francs à la fois de la ville pour ne pas appauvrir Lyon, s'il n'a pas vu les métiers brûlant sous les murs dévastés des orphelinats et des couvents, s'il n'a pas vu l'industrie arrêtée, le commerce anéanti, et trente mille ouvriers sans travail et sans pain dès que 1rs Vora- ces ont été maîtres de la cité, il aurait dû s'informer avant de faire la glorification de ces bandes qui ont contribué au renverse- ment de la république par l'effroi qu'elles causaient ; il aurait dû compulser les archives de l'Hôtel-de-Ville, demander ce qu'é- taient les chantiers nationaux, les 45 centimes, le club central, le fourrier Gigoux, l'homme du peuple, et peut-être n'aurait-il pas écrit son roman, ou se serait-il borné à nous dérouler d'i- gnobles scènes de fripons, de voleurs, et de fdles perdues sans exciter les plus basses passions contre les propriétaires, les né- gociants, et les bourgeois. Un autre ouvrage, mais celui-là inspiré par l'amour du pays et fruit de longues et sérieuses recherches, a paru ces jours der- niers et a montré jusqu'où certains esprits pouvaient porter la patience et le courage. Un jeune écrivain que tout îe monde con- naît et qui ne s'est pas même nommé dans son livre, a publié chez M. Auguste Brun, r;;c du Plat, C Armoriai général du Lyonnais, Forez el Beaujolais , comprenant /e c armoiries des villes, des cor- porations, des familles nobles el bourgeoises actuellement existan- tes ou éteintes, des archevêques, des gouverneurs et des principaux fonctionnaires publics de ces provinces. Ce recueil contient deux mille blasons dessinés et environ trois mille notices héraldiques et généalogiques. On se perd dans la foule de livres, de chartes, de documents originaux, de papiers de famille, de contrats et de monuments qu'il a fallu consulter pour mener à bien ce travail, si précieux pour l'histoire de Lyon. Dimanche 5 août, on a béni avec solennité la nouvelle église de l'Observance. Les peintures de M. Dcnuellc ont mérité les éloges des connaisseurs, mais malgré une certaine élégance dans la dis- tribution intérieure, les fresques représentant le couronnement de la Vierge , celles figurant saint Pierre, et saint Paul et surlout l'architecture générale de l'édifice ne consoleront jamais du mo- nument dont Charles VIII et Anne de Bretagne avaient posé la première pierre et qui a été si malheureusement anéanti par d'inintelligents démolisseurs. A. V. ; Aimé VINGTRINIER, directeur-gérant.