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A LYON. 61 Nous doutons fort que l'architecte ait consenti de gaité de cœur a conformer son plan a une telle distribution dont il pouvait prévoir tout le fâcheux effet dans la- riche déco- ration du sanctuaire. Nous aimons mieux croire, au contraire, qu'il n'a cédé sur ce point, qu'a des insistances pressantes et trop respectables sans doute, pour qu'il osât se permettre de les combattre ouvertement. Par de sages raisons d'économie que l'on doit comprendre facilement, et par une juste appréciation de l'archéologie du moyen-âge, la pierre et le bois ont seuls concouru à la déco- ration intérieure et à l'ameublement de l'édifice, a l'exclu- sion du marbre et des ornements métalliques. Ainsi les clôtures des chapelles, el celle qui sépare le sanctuaire de la nef centrale, sont toutes en pierre dure et découpées néanmoins, avec-une certaine délicatesse, dans un dessin éléganl. Il est en effet de l'essence même du style ogival, qui n'est pas un art somptuaire comme celui des temples et des palais de l'antiquité grecque ou romaine, qu'il soit reproduit dans l'architecture, par la pierre et le bois ; c'est a ces conditions, seulement, qu'il conserve son véritable caractère; le gothique en marbre, eh bois doré ou en fonte, n'est qu'un pastiche froid et sans vie, une contrefaçon dérisoire de l'art si poétique et si noblement sévère de nos cathédrales. Si parfois dans quelques uns de nos vieux édifices , comme a Saint-Jean par exemple, on retrouve quelque part l'emploi de matériaux précieux, ce n'est que d'une manière tout à fait accidentelle, on peut le dire. C'est dans ce cas, un simple motif de décoration particulière pour faire diver- sion avec la teinte uniforme des pierres d'appareil et pour obtenir certains contrastes à effet ; d'ailleurs ces souvenirs d'un art somptueux n'existent guère que dans les édifices du XI au XIIe siècle, dont le style est plus roman qu'ogival