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88                DE L'ARCHITECTURE RELIGIEUSE

 ne se prononce généralement en faveur du plus grand
 nombre.
    Combien de monuments, attribue's même a des artistes
en renom, hautement prônés dans l'intimité de l'atelier
 et déclarés d'un mérite transcendant, qui n'ont pu subir, sans
 échec, cette grande épreuve de l'opinion publique !..
    L'esprit populaire, dans les appréciations d'art, manque,
il est vrai, de cette science d'analyse si familière aux Corps
 savants et par laquella ils jugent de tout d'une manière parfois
 un peu Irop absolue, il faut bien le dire, mais en revanche, il
reste dans le peuple et dans le peuple artisan, entendons-
nous bien, un sentiment inné du vrai beau, qui rarement fait
fausse route et lui permet de discerner instinctivement les
conceptions d'un ordre supérieur.
    Le défaut d'études sérieuses et surtout de celles de l'an-
tiquité, a fait naître d'ailleurs, au sein des sociétés artistiques,
une foule d'hérésies en matière d'art; il y a, de nos jours, une
telle anarchie dans les idées, que chaque école, nous disons
plus , que presque chaque artiste se croit en possession de la
perfection idéale, et présente ses oeuvres, comme le nec plus
ultra comme le critérium de l'art même.
    On ne s'en aperçoit que trop tard maintenant, et on doit
le regretter, l'inimitable pureté des formes antiques de l'art
grec, dénaturé jadis par une application absurde et forcée, ne
sert plus aujourd'hui de point de comparaison et n'est plus,
comme elle aurait dû l'être toujours, le type .sacré de la
vérité artistique.
    Quand a force de dévoyer continuellement le sens intime
des belles choses, obscurci sans cesse par les fréquentes
disputes d'atelier , aura délogé du cerveau des artistes , où
faudra-t-il aller le chercher, si ce n'est chez ceux qui, res-
tant étrangers a nos divisions intestines , auront conservé
 dans toute sa plénitude, cette rectitude de jugement et d'ap-