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VOYAGES. 41 nuit, dans sa frêle embarcaiion, afin d'échapper au supplice des moustiques et, le jour, entrant en contact avec la terre ferme pour y reproduire, par le pinceau, le crayon ou la photographie, les sites les plus pittoresques ainsi que la phy- sionomie des habitants mi-sauvages et civilisés, selon le croi- sement , plus ou moins prononcé , de leurs races , comme il avait fait déjà des Indiens Bulocudos , Puris , Cabocles et Bugres du Spirito-Santo. Ce fut alors que la fièvre l'ayant surpris sous une tempé- rature équaloriale de 35 a 36 degrés de chaleur , il se diri- gea sur le Canada couvert de neige, et où il arriva après avoir essuyé les terribles ouragans qui, à colle môme époque, causèrent de si grands ravages dans l'Archipel des Antilles. Son parti pris de visiter l'Amérique du Nord avant de rentrer en France, était également justifié par le désir de connaître le sort réel des Nègres qui, dans la Virginie, la Caroline, les Florides, la Géorgie, le Mississipi et le Texas, sont encore l'objet de trafics illicites, quoique la traite soit abolie en principe dans tous les Étals de l'Union. Je suppose que f achèvement de (rois œuvres capitules commencées en France et ayant pour sujet les diverses phases du trafic dont je parle, a dû contribuer, en outre , à celte résolution. Biard, qui a le talent de grouper ses personnages sur la toile, a aussi celui d'identifier le spectateur aux situations et aux sentiments qu'il veut peindre.— On verra, pour la pre- mière fois peut-être, dans l'intérieur d'un vaisseau négrier, dans le mode d'embarquement et d'entassement des Noirs , dans le spectacle de leur venle aux enchères publiques, de même que dans la rigueur avec laquelle on sévit contre les déserteurs, tout ce que les raffinements de la civilisation sur l'ignorance, peuvent créer de moyens spéculatifs et barbares. Pour ne parler que du navire négrier, vu transversalement afin d'en faire mieux comprendre les profondeurs, chacun