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40 VOYAGES. De retour à Rio-Janeiro, Biard en repartit bientôt, après avoir achevé différents ouvrages importants, entre autres, les portraits en pied de l'Empereur , de l'Impéralrice et des jeunes princesses du Brésil. Il esl regrettable que ces œuvres peintes, dont je n'ai pu juger que par de simples photogra- phies, restent inconnues à la France. Une seule de Don Pèdre III, également peinte et conservée par son auteur, pourra en faire préjuger l'importance artistique. L'empe- reur du Brésil y esl représenté, deboul sur le trône, dans un costume qui se "rapproche de celui de notre François I er , et qui se composed'une tunique en soie, brodée d'or, tombant, a mi-cuisses, ainsi que d'un maillot couleur de chair. La pè- lerine couvrant les épaules du souverain, est en plumes de toucan, surmontée d'une colerette en dentelles d'Angleterre et du collier de l'ordre de la Rose , près duquel figure, en sautoir, le grand cordon du Cruzôro. Le trône a élé calqué sur celui de Napoléon I er . II embrasse de ses larges et soyeuses draperies, cette composition magistrale où tout est éclairé par une grande lumière, et où dépasse, en saillie, à l'extrémité du sceptre, le sphinx appartenant, si je ne me trompe, aux armes de la maison de Bragance. Les autres excursions de Biard, dans le but de compléter ses études comparatives sur les Nègres, les Indiens et les blancs, n'ont pas été moins aventureuses ni moins scabreuses que celles dont je viens de présenter la rapide analyse. Pour apprécier au vrai la nature primitive, il ne se con- tenta pas de remonter le fleuve des Amazones, depuis son embouchure jusqu'aux frontières du Pérou. Arrivé là , il ré- trograda, et au moyen d'un canal, frété à ses frais, et con- duit par trois malelols indigènes que lui avait procurés le Gouverneur des provinces traversées par le Rio-Négro et le Madéira, il visita, pendant trois mois consécutifs, les tribus des Araras, des Manaos et des Mundrucus, couchant, la