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26                     AHQUEBUSIERS DE LYON.

un grand bruit, enfantaient de brillantes étoiles, qu'on eût
pris pour celles du firmament, tant elles produisoient une
éclatante lumière dans les ténèbres répandus dans l'air pen-
dant la nuit. On estait, saisy de joye clans ces moments.
   Le public charmé des plaisirs que luyprocuroit une si
agréable feste, ne s'altendoil pas qu'on pût y ajouter plus
d'agrément. Mais ce fut dans cet instant qu'un nouvel arti-
fice luy en fournit de plus singuliers : de celte môme barrière,
s'élevèrent des gerbes de feu, dont les saillies, poussées en
l'air, faisoient le même effet que celles de l'eau des fontaines ;
des moulinets jetant des traits de feu, sans interrompre par
leur impétuosité la justesse de leur mouvement. Cène fut
pas tout : parut encore un artifice plus surprenant d'un soleil
machinal, qui exprimoil, au milieu de la nuit, l'éclat de l'as-
tre du jour ; le centre, immobile, brilloit de la plus vive et
de la plus éblouissante lumière ; de ce centre éblouissant par-
taient,de tout son con tour,des rayons sans nombre, dont la viva-
cité du feu représenfoil sensiblement ceux du vray soleil (1).
Nous en fûmes si saisis que nous applaudissions au peuple,
qui faisoit retentir les échos delà montagne voisine pas ses
cris : ah ! ah ! ah !, qui marquoient si bien sa surprise et son
admiration. Ainsi finit cette première journée.

   VI. On auroit présumé que le mardy 26 e , la place de
Louis-le-Grand ne seroit pas remplie de cette foule extraor-
dinaire du peuple, comme elle l'avoit esté les deux jours de
feste précédens ; mais, à peine fut-il jour, que l'on com-
mença à s'y rendre par pelotons, ce qui s'accrut insensible-
ment comme les jours qui avoient précédé, tant nos citoïens
estoient satisfaits des plaisirs déjà goûtés dans cette feste.
   Les ordres donnés par M. le Commandant, soit pour le

  (1) Est-ce que, dans ee temps là, on aurait, par hasard, entrevu la lu-
mière électrique ?