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ARQUEBUSIERS DE LYON. 25 qui devoit procurer, le lendemain, une continuation des mô- mes plaisirs. V. Nous avions résolu de demeurer sur la place de Louis- le-Grand, croïant de mieux juger de l'effet de l'artifice ; mais la foule du peuple estoit si prodigieuse, que ce seroit nous exposer à ne voir qu'imparfaitement, ce qui nous en- gagea à aller dans une des belles maisons de celte place, ce qui fut heureux, car nous fûmes placée côté du balcon où estoient S. E. et M. le Commandant, au signal desquels, toute l'opération de l'artifice se devoit faire sous leurs yeux. Elle commença vers les onze heures, par des serpenteaux tout extraordinaires, qui, entrant tout enflammés dans l'eau, en sortent et y rentrent sans s'éteindre. À les voir nager sur l'eau, on eût dit que c'esloit autant de petits cannelons qui cherchoient à paître ; ces serpenteaux, se plongeant de nou~. veau, faisoient leur dernier effet en l'air, par l'effet de divers pétards. Les eaux d'un grand bassin de la plus proche fon- taine servirent à donner ce plaisir pendant un grand quart d'heure, ce qui ne parut qu'un instant. Tout de suite brilla un nouvel artifice qui nous étonna, tant il nous parut surprenant : toul-à -coup, partirent du milieu de la barrière, autour de la statue de Louis-le-Grand, une multitude infinie de serpenteaux, qui, s'élevant en volutes par cent cercles d'un agréable feu, se replioient sur eux-mêmes, tandis qu'un nombre d'autres couroient sur le terrain, parmi le peuple, se relevoient, semesloient à ceux qui, sans cesse, continuoient à partir, faisoient entrées com- me un choc de bruit et de feu, qui formoit un spectacle réjouissant. Et, tandis que, dans le bas, l'artifice si multi- plié et si bien conduit ravissoit les yeux, partoientde la même barrière des caisses entières d'un nombre de fusées de haut vol, qui, dans leur élévation, ouvroient leur sein avec