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LE PÈRE DE LA CHAIZE. 493 d'être porteur d'un certificat en bonne forme signé de son pro- vincial. » Le Général des Jésuites leur avait ordonné de ne prendre au- cunes lettres testimoniales ; aussi, M. de Reims qui n'aimait pas ces religieux, avait-il eu soin de les désigner comme étant du nombre de ceux qui ne pourraient séjourner dans son diocèse. Avant de publier son ordonnance,' ce prélat leur avait fait con- naître ses intentions à cet égard. Mais le Père de La Chaize, comme nous allons en avoir la preuve, avait éclairé le roi sur la portée d'une telle mesure, et il s'était concerté d'avance avec la plupart des évêques de France pour (aire échouer les prétentions de M. de Reims. Ce prélat, vers la même époque, entama une lutte avec les Jésuites , à propos d'une thèse soutenue par quel- ques-uns de leurs Pères au chef-lieu diocésain. Il publia une or- donnance qu'il eut soin de faire distribuer en pleine assemblée de Sorbonne, en Flandre, à Rome et dans les principales villes de France. C'était un travail de longue haleine qui avait exigé de nombreuses recherches et qui dénotait une connaissance appro- fondie de la doctrine. « Aussi fut-on persuadé, dit Berault-Ber- castel (t. IX, p. 387 et suiv.), que le prélat ne l'avait pas composé lui-même. » Le docteur Witasse, docteur de Sorbonne, en avait fait, dit-on, tous les frais, et M. de Reims s'en attribua tout l'honneur (1). Dans cette ordonnance, M. Le Tellier attaquait à la fois Jansénistes et Jésuites. Il reprochait aux premiers leur présomptueux orgueil lorsqu'ils se flattaient de mieux interpréter saint Augustin quetous les catholiques réunis. Mais le prélat ne censurait leur opinion « que pour retomber avec plus de poids sur la doctrine de la Compagnie de Jésus, qu'il qualifiait de nou- velle, de dangereuse, de suspecte et même d'erronée. La science moyenne (2) était le monstre aux sept têtes pour l'archevêque de (1) Voir sur ce point le Journal des Savants, du 17 janv. 1698, et d'Avrigny, Mémoires, chron. et dogm. (2) Les théologiens distinguent trois sortes de science en Dieu : celle de vision, celle ^'intelligence, et la science moyenne. Elle est ainsi nommée par eux parce qu'elle tient le milieu entre les deux précédentes. Selon eux,