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490                  LE PÈRE DE LA CHAIZE.
au prix du dommage si minime causé à un seul homme, la tran-
quillité publique d'une Province, le libre exercice des fonctions
de nos ministres, l'édification de tout un peuple scandalisé de
toutes ces querelles, et, en fin de compte, le bien commun de
tous les Ordres. Toutefois, je n'ai pas cru devoir terminer ce dif-
férend ; c'est à Votre Paternité qu'il appartient de décider ce qu'il
faut faire.
   L'Evêque de Grenoble se plaint aussi avec véhémence de
quelques-uns de nos Pères qui auraient parlé en termes défavo-
rables et de lui et de ses missionnaires : il ne souffre pas avec
moins d'impatience que d'autres membres de la Société lui sus-
citent, à Turin, des embarras et des obstacles. Je n'ai pu jusqu'à
présent découvrir d'une manière assez claire si ses plaintes sont
fondées ; mais, en général, il me semblerait indispensable au-
jourd'hui, plus que jamais, dans l'intérêt de notre œuvre, de re-
commander instamment à nos Pères, et surtout à ceux de France,
de ne jamais s'exprimer qu'avec la plus grande discrétion, la plus
grande prudence, qu'avec le plus extrême respect, sur le compte
des grands seigneurs séculiers ou ecclésiastiques, et cela non-
seulement en présence des étrangers, mais encore entre eux ;
car, à peine des paroles imprudentes sont-elles prononcées entre
nous, qu'elles arrivent à d'autres oreilles avec une facilité extrême,
et l'on ajoute, la plupart du temps, des circonstances fausses, qui
se font aisément admettre du public à cause de la vérité même
qui s'y mêle.
   Je pourrais à peine révéler tous les soins que je prends jour-
nellement d'apaiser les débats de cette nature. Je serais donc
très-heureux si Votre Paternité interposait son autorité dans
cette affaire.
           De Votre Paternité, etc.
            Au Très-Révérend Père Jean-Paul Oliva.
                                           * Paris, 16 mars 1679.
       Mon Très-Révérend Père,
  Je suis très-peiné, après tant d'efforts, de zèle et de soins pour
adoucir l'Evêque d'Arras et réconcilier nos Pères avec lui, de voir