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                RÉVOLUTION DE SUÈDE EN 1772.                461

     C'était malheureusement a la France que la Suède était
 redevable de la dégradation du roi et de l'affaiblissement de
 la puissance aristocratique. C'était un spectacle vraiment
 pitoyable que celui des intrigues, des menées sourdes, des
 moyens de corruption qu'employaient les trois cours de
 Russie, de France et d'Angleterre, pour se rendre maî-
 tresses des diètes et contrarier réciproquement leurs pro-
jets.
    La France, en entraînant la Suède dans des guerres tantôt
 contre la Russie, tantôt contre la Prusse, l'exposait a des dé-
 faites et a un fardeau d'engagements, dont les misérables
 subsides qu'elle lui accordait, ne pouvaient l'aider à sup-
 porter le poids. A mesure qu'une diète devait s'ouvrir, les
 agents des trois cours tâchaient d'y introduire un plus grand
nombre de membres affidés a leurs partis.
    La France menaçait de ne plus fournir les arrérages qu'elle
 devait, si l'on concluait un traité avec l'Angleterre et la
Russie. La Suède aurait mieux agi en renonçant a ces sub-
 sides avilissants ; mais, dans un pays où le numéraire est si
rare, ces secours qui s'élevaient chaque année à plusieurs
millions, paraissaient indispensables ; le parti opposé à la
France craignait d'attirer sur lui toute la colère du peuple,
s'il l'exposait a une perte aussi énorme.
    Après dix ans d'intrigues et de ressorts politiques mis en
jeu, le parti de la France, triomphant depuis 1756, eut le
dessous, et ne put s'opposer a ce que la Suède fît avec
l'Angleterre et la Russie, un traité dont le principal article
portait : Que les sujets de chaque nation jouiraient récipro-
quement, dans leurs royaumes respectifs, ports et havres,
de tous les avantages et immunités accordés aux nations les
plus favorisées.
    On aurait pu croire que la France, mécontente de ce traité,
en profiterait pour renoncer à un projet de domination in-