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440 EXPOSITION DE 1857. peut dire que son organisation le porte surtout du côté de la couleur. Son tableau en est une preuve certaine ; Aussi l'élude du Titien et de Paul Véronèse lui est elle bonne sans qu'il ait besoin pour cela de les copier servilement. On a beaucoup plaisanté et à tort son paysage vert Un verger en Savoie. 11 est vrai qu'au premier aspect on est frappé surtout de la crudité générale de l'œuvre. Cependant nous comprenons parfaitement que ce défaut ait été moins sensible dans l'atelier, et cela n'empêche pas qu'il ait de grandes qualités de lumière et d'harmonie. Son dessin repré- sentant une Fille turque est d'un aspect magistral, traité avec largeur, comme il en a du reste exposé plusieurs aux précédents salons de la Société des Amis-des-Arts. Nos peintres de fleurs, de fruits et de nature morte ont dignement soutenu leur vieille réputation et se sont pour la plupart signalés par des œuvres de mérite, et qui ont pen- dant toute la durée de l'exposition justifié pleinement la cu- riosité et l'intérêt. En première ligne se place comme tou- jours M. Saint-Jean, dont les fraises et les framboises luttent d'éclat, de vigueur, de réalité avec les plus riches productions de la nature, sans préjudice de ses fleurs, le Bouquet dans le bois, une de ses plus fraîches et plus délicates inspirations. M. Saint-Jean avait également exposé une Tête d'éludé qui a été vivement critiquée, et pour laquelle, ce nous semble, on a fait preuve de trop de sévérité. Cette fantaisie brossée avec vigueur et dans l'espace de quelques heures seulement, aurait dû être considérée comme un caprice de maître traité sans prétention et non comme l'œuvre d'un artiste qui veut tout à fait sortir du genre où il a su se faire une si grande et si légitime réputation. La grande composition de M. Rei- gnier^ la mémoire de feue la reine de Hollande présentait comme agencement de grandes difficultés, dont l'auteur a su triompher avec beaucoup d'adresse. Cet entrelacement de