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408 LITTÉRATURE. « Oh! si mon oncle enfin pouvait prendre l'envie De me faire héritier et de quitter la vie ! Si le divin Hercule, attentif à mon sort, Voulait bien m'enseigner le secret d'un trésor! Ne pourrais-je donc pas d'un pupille en bas âge, Imbécile et malingre, attraper l'héritage ! Si de l'hymen encor m'asservissant aux lois Je devenais époux, une troisième fois ! » Pour te sanctifier, ainsi que ta requête, Dans le Tibre sacré tu vas plonger ta tête, Et tu crois, le matin, sans scandale et sans bruit, Dans le fleuve laver les excès de la nuit. Je veux t'interroger : réponds, c'est peu de chose. Que penses-tu des dieux? sont-ils effet ou cause, Et qui pourrait-on bien leur donner pour rival? Serait-ce par hasard ce juge déloyal, Qui vend pour de l'argent l'orphelin et la veuve, Et contre l'innocent toujours trouve une preuve? Eh bien ! à celui-là va donc porter tes vœux, Et laisse Jupiter tranquille dans les cieux. Tu n'as plus peur de lui, tu ris de sa colère, Depuis qu'en éclatant le terrible tonnerre, Au lieu de te frapper dans ton riche palais, Renversa le vieux chêne et te laissa la paix. Le remords, pour ton cœur n'ayant plus de tortures, Tu poursuis Jupiter de tes folles injures, Et tu crois les grands dieux honorés et contents De voir sur leurs autels des débris palpitants. Regardez maintenant cette bonne grand'mère, Femme rendant au ciel un hommage sincère : Voilà son petit fils ! et savante dans l'art De préserver des sorts et du mauvais regard, Elle humecte aussitôt de salive visqueuse Le front pur de l'enfant et sa lèvre rieuse.