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DE L'EMPLACEMENT DE LUNNA. 383 plus contribué à propager cette étrange supposition, va jusqu'à prétendre qu'au lieu de Lunna ou Ludna, il faut lire Clunia dans l'Itinéraire aussi bien que dans la Carie. Ce n'est pas la première fois que nous voyons les commenta- teurs altérer le texte des manuscrits les plus authentiques pour le faire concorder avec leurs opinions. Le premier qui ait entrevu la vérité est le savant Adrien de Valois (1). Après avoir réfuté l'opinion de Simler, il paraît incliner pour la position de Belleville et il avait raison ; mais il n'ose se prononcer et propose, en même temps, Beaujeu qui s'écarte de 13 'a 14 kilomètres à l'ouest de l'ancienne route de Paris. Or, on ne persuadera jamais à ceux qui connaissent le pays que la voie romaine, au lieu de suivre la ligne droite au travers de la belle plaine qui borde la Saône, se serait détournée pour se jeter dans les montagnes et venir couper à angle droit la vallée profonde où s'allonge la petite ville de Beaujeu. Aucun géographe, avant D'Anville, n'avait eu l'idée, pour- tant bien simple, de chercher Lunna sur la route de Lyon à Mâcon et non ailleurs. Dans ses Eclaircissements géogra- phiques sur l'ancienne Gaule (2) il avait d'abord indiqué Belleville comme ayant peut-être succédé à l'ancien lieu nommé Lunna. On voit que ce n'était la qu'une simple conjecture. Plus tard, dans sa Notice de l'ancienne Gaule (3), il s'est rétracté « parce que, dit-il, Belleville est trop près d'Anse et trop loin de Mâcon. » Il a reculé l'emplacement de Lunna au nord, jusque vers les confins du Beaujolais et du Maçonnais, c'est-à -dire jusqu'à Lancié, commune du département du Rhône, autrefois partagée par la limite des (1) Hadriani Valesii Notitia Galliarum, p. 48. Vcrbo. Asa Paulini. (2) Paris, 1741, in-12, p. 346. (3) Paris, 1760, in-4», p. 426-