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t LETTRES BADOISES. Baden-Baden, 1 e r aoû". A MONSIEUR S...., Je vous avais promis une lettre écrite de l'autre côté du Rhin, la voici, Monsieur : Vous en excuserez les mélanges, les fantaisies, les libres expectorations. — Notez le moi, je vous prie ; c'est on latinisme germanisé, il exprime bien tout ce qui vient de l'âme à la bouche. Dans : « la mer de pen- sées bleues, » où se perd l'imagination germanique, j'ai de- puis longtemps, comme le plongeur de Schiller, tenté la for- tune,.en rapporlerai-je la coupe d'or et l'alliance avec la Beauté, ou reslerai-je perdu dans les gouffres obscurs?... Le critique, le poète , le penseur, seraient-ils moins au- dacieux que le page de la ballade? Non, Monsieur, nous nous jetterions la tête en avant dans un puits, si nous avions l'espoir d'y dérober le trésor de la nouveauté. D'ail- leurs, par le temps de sécheresse et d'aridité où nous vivons, n'est-îl pas doux et salutaire de se rafraîchir un peu dans les ondes limpides et profondes du Rhin, du père Rhin. La première fois que je descendis le Rhin, de Strasbourg à Mayence, sur un bateau à vapeur de la « Kœlnischer Gessel- schaft » ce fut en compagnie d'étudiants de je ne sais quelle