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348 LE PÈRE DE LA CHAIZE. Dans une étude qui a pour titre : De la politique de Louis XIV dans les affaires religieuses (1). M. le comte de Carné, sans s'étayer sur aucun document authentique , sur aucune donnée plausible, suppose que ce prince se serait secrètement réjoui de voir la capitale de l'Empire assiégée par les Turcs. « On savait fort bien, dit l'auteur de cette étude, que si les réformés étaient odieux à Louis XIV, en ce que leur liberté semblait une vivante protes- tation contre sa toute puissance, ce prince n'entreprendrait jamais rien de sérieux contre les Musulmans dont il voyait avec une joie secrète l'avant-garde au cœur de l'Empire. » La phrase si caractéristique qui termine la lettre du Père de la Chaize, témoin oculaire des premières impressions du roi, nous semble la meilleure réponse à opposer à l'assertion gratuite de M. de Carné. Plus tard, nous aurons soin de réduire à sa juste valeur une autre supposition bien autrement grave, mise en avant par le même écrivain , à propos de la révocation de l'Edit de Nantes. En attendant, reprenons la correspondance du Père de la Chaize. Au Très-Révérend Père Charles de Noyelle , Général de la Compagnie de Jésus. 14 octobre 1683. Mon Très-Révérend Père, Pax Chris ti. Il y a prez d'un an que le roy me commanda d'écrire au P. Provincial de Lion qu'il envoyast à Pignerol un nombre suffisant de Religieux pour y enseigner la Philosophie, et toutes les classes inférieures. Et comme Sa Majesté n'ignoroit pas que le peu de revenu de cette maison là , qui n'entretenoit à peine que trois ou quatre des Nostres , et où l'on n'enseignoit que les deux basses classes , n'estoit pas suffisant pour une si grande augmen- tation de charges , elle y a ajousté un revenu de trois mille livres, (I) Voir le Correspondant des mois (l'août et d'octobre 1856.