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DE LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE. 30d En sera-t-il ainsi à jamais ? L'avenir verra-t-il se fonder la science qui n'est pas faite encore ? Attente chimérique, oserons-nous dire.... Que l'on veuille bien réfléchir à ce que c'est que l'his- toire. Elle est le cours des événements tel que le déter- mine l'accord de la liberté humaine avec la Providence di- vine. C'est par cette double action, par l'enlacement de ces deux causes que tout arrive. La vie des nations ne présente pas sous ce rapport d'autres phénomènes que la vie, des individus. Or, quand la pensée a cherché a comprendre la corrélation miraculeuse du libre arbitre de l'homme avec la prédestination de Dieu , quel n'a pas été son trouble, quelle n'a pas été sa défaite ? Ne sait-on pas que c'est le gouffre le plus formidable qui se soit jamais ouvert devant la raison ? Depuis les querelles des écoles grecques, les con- testations mahométanes des partisans d'Omar et d'Ali, les disputes des Pharisiens et des Saducéens et la longue série des controverses de la scholastique et de la philosophie, a-t-on envie de réveiller les inutiles échos de cette question9 Pourquoi le ferait-on? Qui donc y regardera de plus près que Bossuet s'écriant : « II faut tenir fortement les deux bouts de la chaîne, quoiqu'on ne voie pas le milieu par où l'enchaîne- ment se continue. » Toute tentative serait superflue de vou- loir forcer quelqu'un des alentours de ce mystère. Or, c'est précisément ce qui fait que nous ne pouvons connaître la loi de l'histoire, car elle n'est pas autre chose qu'un côté de la. prédestination divine interdite a nos regards ; et cette prédestination , nous ne pouvons pas plus la pénétrer pour savoir la destinée des nations que nous ne saurions en lever le voile pour connaître à l'avance la destinée des individus. La Providence, son intervention incessante, son mélange avec le libre arbitre qui engendre les actions hu- maines et les événements de l'histoire, le plan qu'elle