page suivante »
LE PÈRE DE LA CHJUZE. 255 honoré, et il demeurera toujours dans cette première et princi- pale maison de notre Compagnie, en France, exposé aux yeux de tous mes frères, afin qu'ils soient tous excitez du zèle d'aller rendre leurs services très-humbles à Votre Majesté, et de porter à ses sujets la science du salut, et la connoissance du vray Dieu, qui seul mérite d'être adoré de tout l'univers. Je les suivray de cœur, et j'uniray tous mes vœux à ceux qu'ils feront sans cesse pour la gloire solide de Votre Majesté, et pour les prospéritez de son règne. J'ay pris la liberté, Sire, de les charger de quelques petits présents, tels qu'un homme de ma profession peut les faire à un grand Roy. J'espère que la curiosité du travail ne luy déplaira pas, et je prie le Roy du ciel, qui a réglé par sa sagesse profonde, pour l'instruction des hommes, les mouvements des cieux et des astres, les conjonctions des planettes, les éclypses du soleil et de la lune, que ces machines représentent par une invention nou- velle, de mettre dans l'esprit sublime de Votre Majesté par les ouvrages les plus éclatants de la main du seul Dieu que nous ado- rons, la connoissance et l'amour de celuy qui est auteur de ces merveilles, et à qui les Rois doivent encore plus de vénération et de soumission que le reste des hommes. Je dois au reste, Sire, ce témoignage à vos Ambassadeurs et sur- tout à celuyqui est Chef de l'ambassade, qu'ils se sont comportez en toutes rencontres avec une prudence et une sagesse extrêmes, et qu'ils ont trouvé moyen, en soutenant l'honneur de leur caractère et la gloire de Votre Majesté, de satisfaire tout le monde et de plaire surtout à notre grand Roy mon maître. Je crois qu'ils se loueront des soins que j'ay pris de leur obtenir du Roy mon maître toutes les marques de considération pour Votre Majesté, qu'ils pouvoient désirer ; de sorte que je puis dire que jamais ambassadeurs n'ont été traitez en France avec plus d'honneur et de distinction. Je prie le Roy des Roys, qui tient le cœur des Souverains entre ses mains, de lier de telle sorte celuy de Votre Majesté avec celuy du Roy mon maître, que n'ayant l'un et l'autre que les mêmes sentiments pour cet Être suprême, vous conspiriez tous deux à le faire également adorer par toutes les nations de l'Orient et de