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252                  LE PÈRE DE LA CHAIZE.
et par ses libéralitez continuelles (1), demandent incessamment
au ciel la même grâce pour votre grand Empereur : nous offrons
continuellement nos sacrifices et nos prières au vray Dieu pour
cela. Nous ne pouvons pas croire que tant de vertus qu'il pos-
sède déjà, demeurent éternellement sans récompense, faute de
celles du christianisme , dont nous espérons qu'il consommera
ce grand mérite qui luy acquiert une si belle réputation dans
toute la terre. Je vous supplie, mon Révérend P è r e , pour la sa-
tisfaction de notre Grand Roy, que Dieu a donné à l'Europe pour
le Défenseur et le restaurateur de la vraye foy , et qu'il destine
suivant toutes les prophéties à la destruction du Mahométisme ,
de nous donner encore plus de connoissance qu'il se pourra des
vertus, des sentiment et des actions de votre grand Empereur,
pour qui il a déjà conçu une estime si particulière. Je vous
conjure aussi de protéger, d'assister et de favoriser de tout votre
possible les zélez et sçavans missionnaires qu'il vous a envoyez ,
et à la teste desquels il a mis le P. de Fontenay dont vous con-
noissez le mérite, et que tous les sçavans mathématiciens de
l'Académie Royale des Sciences, qui est ici entretenue par les
libéralitez de Sa Majesté, regardoient comme un homme extraor-
dinaire, et de ceux qui faisoient le plus d'honneur à la nation.
Ils vous portent toutes les observations et toutes les curiositez
des sciences de l'Europe dans leur plus grande perfection, et
vous sont envoyez comme des gages des autres plus grandes
choses que Sa Majesté voudroit faire , et fera sans doute dans la
suite pour la satisfaction de votre grand Empereur, et pour la
yôtre particulière, d'abord qu'il aura appris l'accueil et le trait-
tement qu'on aura fait à la Chine à ses mathématiciens et les
facilitez et les aydes qu'on leur aura accordées pour l'exécution
des ordres dont ils sont chargez. Je ne puis dire à Votre Ré-
vérence toutes les suites avantageuses que j'augure de l'envoy
de ces Pères auprès de vous, s'il plaist à Dieu d'y donner sa
bénédiction. Comme ils partent tous de cette cour et de la capi-
tale de ce royaume, où ils ont esté élevez depuis quelque tems ,

   (1) Allusion aux sommes considérables dépensées par Louis XIV pour
la conversion des protestants.