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                       LE PÈRE DE LA CHAIZE.                            241

Chaize qui dit la messe , de Bontemps, premier valet de chambre
du roi, qui la servit, et de M. de Montchevreuil, ami intime de
Mme de Maintenon (1). » Quelques relations ont assuré que le
marquis de Louvois assista comme second témoin à cette mysté-
rieuse cérémonie, bien qu'il se fût opposé, dit-on, au mariage, de
tout son crédit.
    Plusieurs historiens ont attribué l'éloignement de Mme de
Maintenon pour le P. de La Chaize, au conseil que le confesseur
aurait donné au roi de ne pas déclarer son mariage. Aucune rai-
son solide, aucune preuve ne vient à l'appui d'une telle suppo-
sition. Louis XIV avait un sentiment trop profond de la majesté
souveraine, pour avoir eu sérieusement la pensée d'en venir à la
publieité. Pour qui a pu étudier cette nature si vraiment, si cons-
tamment royale, cette opinion ne saurait prévaloir. De son côté,
Mme de Maintenon avait un tact, un jugement trop sûrs pour
avoir tardé à se rendre compte d'une telle situation ; elle était
trop passionnée pour la gloire du roi, pour avoir songé à l'a-
moindrir en la partageant. Sa nature modeste ne s'accommodait
guère, d'ailleurs, du faste et du bruit ; dans sa personne comme
dans sa mise, tout annonçait des goûts simples et sans recherche,
mais qui n'excluaient pas pourtant un grand air de dignité. Saint-
Simon a peint merveilleusement la figure qu'elle faisait à la cour :
« Particulière en public ; hors de ses yeux, reine. » La raison de
son éloignement pour le P. de La Chaize avait donc une autre
cause, comme nous le dirons plus tard.
    Ce fut l'année même de son mariage que la marquise conçut
l'idée de fonder l'établissement de Saint-Cyr. Nous n'avons point
à esquisser l'intéressante histoire de cette maison qui s'ouvrit à
tant de nobles infortunes (2). Nous dirons seulement que le P. de

   (1) Histoire de madame de Maintenon, par M. le duc de Noailles.
   (2) « Avant de se préoccuper des familles nobles, Louis XIV avait pensé
à donner un asile aux vieux ans du soldat français dans le magnifique édi-
fice des Invalides , dont le modèle n'existait nulle part, et dont Saint-Cyr
devint un modeste pendant. » (Hist. de Mme de Maintenon, par le duc de
Noailles. T. III, p. 16.)
   La fondation des Invalides eut lieu en 1671.
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